FACTEUR POUR FEMMES
Tome 1
En juin 1914, la nouvelle inquiétante concernant l’assassinat de l’héritier de l’Empire austro-hongrois et de son épouse, n’est pas de nature à émouvoir les habitants d’une petite île bretonne. Seul Félicien, l’instituteur, semble être préoccupé par cet évènement tragique pourtant lointain. Et à juste titre, puisque quelques semaines plus tard, la guerre est déclarée et la mobilisation générale est ordonnée. Cette dernière atteint inévitablement la petite île et ses habitants. Tous les hommes valides âgés de 20 à 50 ans sont réquisitionnés et envoyés urgemment sur le théâtre des opérations. Le jeune Maël, lui, n’a pas l’honneur de servir la patrie comme ses compagnons, à cause de son pied-bot. Dépité par cet isolement perpétuel dont il est l’objet eu égard à sa difformité, il se voit toutefois proposé par le Maire de remplacer le facteur lui-même réquisitionné. Bien que son rustique de père voit mal la chose, Maël accepte tout de go et se lance immédiatement dans la distribution du courrier à travers toute l’île. A la faveur de sa participation à l’effort de guerre, le jeune homme va peu à peu entrer dans l’intimité des femmes esseulées.
Par phibes, le 5 septembre 2015
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782818934135
Notre avis sur FACTEUR POUR FEMMES #1 – Tome 1
Après Le café des colonies et Papeete 1914, Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice se retrouvent pour signer sous l’égide de la maison Bamboo et de sa collection Grand Angle une nouvelle histoire complète qui s’inscrit dans les ambiances de la première guerre mondiale. Loin de nous plonger sur la ligne de front, celle-ci préfère s’attarder sur ce qui se passe à l’arrière, sur une île bretonne qui n’a pas été épargnée par la mobilisation des hommes valides.
Force est de constater que le récit, qui s’attache tout particulièrement sur les pérégrinations émancipatrices de Maël, jeune homme un peu nigaud atteint d’une difformité qui va profiter de sa nouvelle situation de facteur et de l’esseulement de certaines femmes de l’île pour gouter aux plaisirs de la chair, se déroule selon des dispositions scénaristiques particulièrement attachantes. Didier Quella-Guyot joue remarquablement sur les mots, dans une prose poétique qui, à n’en pas douter, attise notre avidité (car on a envie de savoir comment le jeu irresponsable de Maël va se terminer) et berce nos sens. Dans une progression adroitement mesurée, l’artiste nous fait apprécier les frasques de son personnage qui, épris de liberté, se joue de la fragilité des iliennes, en utilisant les correspondances qu’elles reçoivent pour les conquérir et les manipuler.
A la fois généreuse, légère, rebondissante et dramatique, cette histoire à dimension humaine a tout ce qu’il faut pour plaire. Loin de se nourrir d’effets tapageurs polluants, celle-ci se voit portée avec simplicité et réalisme par un Maël complètement convaincant dans sa démarche libératrice eu égard à son handicap et à son appétit insatiable de la chair. Sur ce point, Didier Quella-Guyot démontre avec adresse l’évolution de la personnalité de son anti-héros, atteignant de façon très perceptible, une consistance incroyable au point d’en devenir inquiétante. Idem pour son quarteron de femmes égarées, que le scénariste campe psychologiquement et sensiblement bien, dont les écarts non excusables au demeurant et les aveux secrets tardifs plaideront malgré tout en faveur d’une certaine compréhension de leur digression.
Fidèle au scénariste, Sébastien Morice nous offre une fois encore un dessin tout en finesse et en sensibilité. Mis en relief par une colorisation généreuse, son trait fait, à la faveur d’un découpage adroit et dynamique, la part belle aux ambiances rurales de l’époque de la grande guerre. Les décors de l’ile bretonne (imaginée par le scénariste) qu’il croque avec générosité sont un véritable appel au voyage et ses personnages humainement probants. Force est de constater que sur ce dernier point, l’artiste sait jouer sur les expressions, révélant des caractères multiples, dans une sensibilité qui touche favorablement.
Une bien belle histoire, à la fois légère et dramatique, servie par un duo d’artistes complémentaires au faîte de leur talent. Un coup de cœur assuré !
Par Phibes, le 5 septembre 2015
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