FAN MAN - L'homme au ventilo

Oui, mec, je suis Horse Badorties et je vis seul dans une turne de la quatrième rue à New York et que je squatte généreusement. Mon chez-moi est un véritable capharnaüm d’objets plus ou moins crasseux dans lesquels, baby, je vogue aléatoirement. Bercé par le ronronnement de mon ventilo japonais à pile, moi, Horse Badorties, je tire des plans sur la comète, mec, et je sais rester cool en toute circonstance. Magneto japonais à la main, ventilateur dans la besace avec des partitions et d’autres trucs qui pourraient s’avérer indispensables, je pars, mec, en pèlerinage pour recruter des poulettes pour la chorale de l’amour que je suis en train de créer en l’église de St Nancy. Ça va être merveilleux, mec, à condition de ne pas être contrarié par les portoricains et leur musique incapacitante.

Par phibes, le 17 janvier 2025

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Notre avis sur FAN MAN – L’homme au ventilo

Assurément accros aux récits purement décalés, le duo formé par Gaet’z et Julien Monier à l’origine de leur saga à la fois malodorante et succulente RIP se reconstitue pour cette fois-ci s’attaquer à l’adaptation du roman écrit par l’auteur américain William Kotzwinkle et intitulé Fan Man. Cette initiative éditoriale permet donc d’apporter un éclairage illustré de cet univers foutraque et déjanté dans lequel les mouches n’ont plus droit au chapitre, remplacées par les cafards.

Le récit se veut mettre en animation un personnage « frapadingue » bénéficiant d’une philosophie de vie on ne peut plus singulière et ayant pour ambition de monter une chorale de poulettes menées aux ronronnements de ventilateurs. Evidemment, associée à des initiatives complétement décalées (récupération d’un nombre d’objets ahurissants), cette visée cosmique est volontairement loufoque à souhait et offre une succession incessante de tribulations des plus risibles.

A ce titre, Horse nous entraîne dans son propre monde hors norme et sans souci, de façon linéaire, sans temps mort, entre ventilo, parasol et chaussures chinoises, porté par un verbe argotique digne des fumeurs de chichons (à grand renfort de mec et de baby) que Gaet’z use à profusion dans chaque vignette. Il nous immerge dans son incohérence incroyable qui pourtant lui permet de recueillir une certaine adhésion des autres (femmes, curé, directeur de radio, vendeur de textile…) et de se sortir d’un grand nombre de situations équivoques jusqu’à se mettre hors clou quant à ses projets.

L’univers graphique de l’homme au ventilo est conforme à ce que Julien Mounier a réalisé sur la série RIP. Celui-ci conforte ce travail numérique stylé qui lui est propre et qui met en évidence une mise en images des plus soignées au niveau colorisation. Pareillement, l’artiste joue subtilement sur l’animation de son personnage et de ceux qui l’entourent selon un concept caricatural. On saluera ses planches intégrales qui viennent en quelque sorte donne un peu de répit dans les tergiversations déroutantes du héros.

Une adaptation très réussie sur les aventures burlesques et jubilatoire d’un mec qui en a dans la besace et aussi dans le ventilo. Un album décalé et rafraichissant à souhait ! A la revoye, baby !

Par Phibes, le 17 janvier 2025

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