Fausse couche vraie question

J'ai beaucoup aimé le préambule de l'auteur sur le terme même de la « fausse couche », et sa remise en question, puisqu'il est peu approprié pour une telle expérience, rien n'est faux dans ce vécu. Dès lors qu'on décompose l'expression « faire une fausse couche » tout semble inapproprié !

On en apprend beaucoup sur le sujet, tout est remarquablement abordé !

La lecture se divise en 6 parties, abordant autant la définition même de la fausse couche, que les repères historiques ou l'état actuel des lieux.

On se rend compte que parmi la multitude de fausses couches possibles, il n'est pas si simple de la définir, qu'elle est souvent très différentes d'une femme à l'autre. Dès le premier chapitre on comprend le caractère autobiographique de cet auteure qui, se mettant à nu, tel Alix Garin dans «impénétrable» , lève le voile tout comme elle, sur un sujet souvent passé sous silence, ou tabou.

Elle met en avant cette solitude extrême, vécue par les femmes concernées. Le choc, la culpabilité, la gêne, l'incompréhension, la honte, la douleur ou le traumatisme, sont certains exemples des sentiments qui peuvent se manifester. Elle expose la minimisation que la femme doit supporter, le peu de considération que ce soit celle de l'entourage, de la médecine parfois, de la société en général qui n'offre ni repos ni aide.

A défaut de trouver assez d'informations par les livres, l'auteur a également usé de riches témoignages.

Elle aborde aussi forcément la question de l'IVG, la bientraitance notamment dans les lieux de soins et les violences gynécologiques et obstétricales.

Elle met au jour l'ambivalence de la période des 3 premiers mois où l'on fait son possible pour que tout se passe au mieux mais où l'on tait sa grossesse dans l'éventualité d'un problème.

Elle nous expose le manque en France de lieux d'échanges, de réponses, d'études, d'associations etc...  et donc de réelle reconnaissance de cette expérience physique et psychique.  Au même titre qu'« impénétrable» ou encore que l'«archéologie de l'intime» de Clothilde Delacroix cette BD témoigne de la prise de parole montante des femmes.

La colorisation dans les tons roses, rouges, noir et gris donne une ambiance assez sobre. Tout comme le graphisme en général qui déshumanise un peu la situation, avec un décor assez pauvre, tel que le corps fragmenté de la couverture, tout se concentre sur le corps d'une femme, et les mots!

L'ouvrage se termine par quelques espoirs, expliquant l'avancée en cours et les améliorations qui tendent à se mettre en place telles que de nouvelles lois.

Cette BD est une bibliothèque d'informations, de ressources bibliographiques et de témoignages.

Par Maude, le 11 mars 2025