FEMME ACCIDENT (LA)
Seconde partie

Soupçonnée de meurtre, Julie est dans l’obligation d’évoquer son passé afin de permettre au tribunal de statuer sur son éventuelle culpabilité. De fait, elle expose sa rencontre amoureuse avec Armand lors d’une croisière et le contrat moral qui les a lié. Par la suite, elle narre son retour au pays, ses retrouvailles avec la famille et avec Théo avec lequel elle ne tarde pas à s’installer, son insertion professionnelle et ses passades amoureuses, ses disputes violentes… Bref, un parcours semé de plaisirs et de désillusions aux termes duquel une décision capitale doit être prise qui influera irrévocablement sur la destinée de la jeune femme.

Par phibes, le 11 décembre 2009

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Notre avis sur FEMME ACCIDENT (LA) #2 – Seconde partie

Le parcours difficile de Julie trouve en ce deuxième et dernier opus son aboutissement. Enfin, cette dernière et de ce fait, le lecteur, vont connaître, au gré d’un flot de révélations, si sa culpabilité dans le meurtre qui lui est reproché est avérée ou pas. Alors, coupable ou innocente ?

Tout en gardant à l’esprit cette interrogation, on assiste, en témoin captivé, à la poursuite du procès de Julie. Aussi, on est suspendu à l’évocation doucereuse d’un pan de sa vie au moyen de flash-back judicieusement choisis, entrecoupée par l’intervention actuelle du président du tribunal et des différents témoins à la barre.

Denis Lapière, bien prolifique en cette année 2009 ("Amato", "L’impertinence d’un été", "Urielle", "En chemin elle rencontre"), déroule de main de maître son intrigue intimiste qui s’avère assez classique dans ses entournures. Toutefois, c’est plutôt dans l’étude du personnage central que le scénariste fait étalage de son talent. En effet, saisissant les pensées les plus personnelles de son héroïne (par une voix-off mielleuse), celui-ci nous fait ressentir la volonté inébranlable de son héroïne à aller de l’avant nonobstant les épreuves nombreuses qu’elle se doit de traverser. Malgré ce petit vague à l’âme que l’on ressent dans ses yeux, elle donne l’impression d’être animée d’une force caractérielle extraordinaire qui la pousse à s’adapter, se contrôler, à se battre et de fait à se relever.

Ce récit, subtile analyse sociale et comportementale, dégage une sensibilité et un humanisme flagrants. Dans ce contexte doucereux, l’auteur entretient en Julie une dualité entre douceur féminine et force de caractère, entre amour et haine, qui n’est pas pour déplaire. De même, au fil des pages de son album, il maintient un suspense, non pas torride, mais suffisamment intrigant pour soutenir un climat de suspicion permanent qui pousse à chercher plus loin la réponse à ces évènements. A ce titre, on pourra apprécier la façon dont celle-ci sera structurée, certes simplement mais efficacement, la page noire permettant ainsi au lecteur de bénéficier d’une appréhension supplémentaire.

Cet album confirme sans discussion l’énorme talent d’Olivier Grenson déjà perçu dans la série "Niklos Koda", qui réussit à nous sensibiliser grâce à l’aura que dégage son personnage Julie. Le regard légèrement éperdu de celle-ci se révèle d’une force attractive phénoménale. De même, sa beauté naturelle est charmeuse et, de par ses attitudes nature, prend au piège inévitablement celui qui la croise. Assurément, ce dessinateur, véritable virtuose de la couleur directe, nous enchante grâce à l’utilisation maîtrisée de sa palette et témoigne d’une recherche délicate et  réaliste pleine de poésie et d’émotivité.

Un très bel album clôturant un diptyque envoûtant, aux effluves émotionnels généreux.

Par Phibes, le 11 décembre 2009

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