FEUL (LE)
Intégrale

Dans ce village d’Oldis, une nouvelle fois, la maladie frappe sans crier gare. On l’appelle "le Feul". Elle est implacable, que ce soit les hommes, les femmes, les enfants, les animaux, les autres races aussi, tous sont menacés !
Il est alors décidé de monter une petite expédition pour tenter de comprendre la source de ce mal. Sont alors rassemblés des membres de trois communautés aux mœurs très différentes, deux Oldis, deux Bourouwns et deux Albinths, auquel vient rapidement se joindre le jeune Jautry, le fils de Valnes, la belle Oldis !
Mais cette quête, ponctuée par les conflits qui peuvent naître des différences entre les cultures, risque d’être plus difficile que prévu…

Par fredgri, le 10 septembre 2012

Notre avis sur FEUL (LE) #0 – Intégrale

Dès les premières pages, on est plongé dans le drame que provoque cette étrange maladie, une maladie qui semble venue de nulle part, implacable. Chacun s’imagine que c’est le peuple voisin qui en est la cause, sans comprendre ce qui leur arrive, sans pouvoir faire quoi que ce soit, juste subir ! Il faut intervenir, ne serait-ce que pour savoir ce qu’il se passe.
Le scénario, malgré tout, s’appuie bien plus sur l’interconnections entre les personnages que sur la finalité de cette quête. Et ce croisement de cultures, cette douleur commune, cet assemblement de personnalités vont très vite être les vrais fils conducteurs du récit.
Gaudin approche chacun de ces "héros" avec énormément de subtilité, leur donnant du relief et du charisme, arrivant à créer de l’unité au milieu de toutes ces différences. De plus, il insiste beaucoup plus sur l’humanité de ces personnages, sur leur sentiment, que sur une éventuelle fibre héroïque. Ce qui les rend, chacun à leur façon, très attachant et incroyablement vivant.

Le postulat de cette histoire est donc des plus classiques, un mal qui frappe des populations, un petit groupe qui part en quête de la vérité, de la connaissance. Ce mal va ainsi être un prétexte pour que les victimes se rassemblent et s’unissent dans l’adversité. Gaudin force peut-être ces différences en créant des conflits culturels, et c’est justement ce qui marque bien qu’en fin de compte c’est bien plus le travail sur les personnages qui l’a intéressé, que cette histoire de Feul qui frappe tout le monde (et la résolution assez rapide de cette histoire vient confirmer cette impression). Du coup, certes c’est très prenant, mais on en ressort très légèrement frustré par ce côté inexorable, les personnages n’ayant aucun poids particulier sur l’histoire, ils ne font que passer sans avoir influencé le destin d’une quelconque manière, marqués néanmoins par la violence de ce monde, par cette barbarerie qui va les frapper…

Je me dis que cette lecture d’un bloc est certainement la meilleure façon d’aborder cette série. Non seulement elle permet de rester dans la cohérence d’ensemble, de bien se rendre compte de l’excellente caractérisation des personnages, mais surtout, elle met en avant la fluidité du récit et l’importance de tout les détails. En plus, le travail de Fédéric Peynet est complètement en osmose avec le ton du scénario. Son trait est très fin, d’une très grande délicatesse dans les détails, dans les petits gestes des uns et des autres (j’adore la façon qu’il a de gérer la gestuelle de Valnes, par exemple, ce geste de la main pour remonter une mèche, comment elle croise les bras etc. C’est très subtil et très juste !). Il ne force jamais réellement le côté étrange des personnages, des créatures. En cela il se rapproche d’autres artistes comme Leo par exemple, en rendant une sorte d’Heroic Fantasy débarrassée de ses codes grossiers et archi-rabâchés, qui tend vers un doux réalisme exotique. Son trait est vraiment magnifique et ses héros incroyablement vivants.

A la finale, on obtient un excellent album de 160 pages, qui se dévore d’un coup, passionnément, et qui, mine de rien, amène quelques questions intéressantes. Que ce soit sur la communauté, sur les différences culturelles et la nécessité de les accepter pour avancer ensemble, mais aussi sur les dangers d’une certaine pollution irresponsable… Il y a matière à réflexion !

Une très bonne idée de cadeau pour les fêtes qui se présentent.

Par FredGri, le 10 septembre 2012

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