Flash Gordon (Hachette)
1934 - 1936

(Planches dominicales du 7 janvier 1934 au 5 avril 1936)
Au début, Flash Gordon est un célèbre champion de polo. Alors qu’il prend l’avion, il rencontre la belle Dale Arden. Venant d’une mystérieuse comète qui se dirige dangereusement vers la Terre, une météorite vient percuter l’avion ou se trouvent Flash et Dale, les poussant à sauter en parachute pour ne pas mourir. Une fois au sol, ils découvrent qu’ils sont parvenus près du laboratoire du professeur Zarkov qui voit dans l’athlète le pilote parfait pour guider la fusée qu’il a construit dans le but de dévier la trajectoire de la comète. Une fois dans l’espace, les trois aventuriers découvrent qu’il s’agit de la planète Mongo, gouvernée par le tyran Ming. Ils atterrissent en catastrophe, mais, très vite Flash Gordon attise toutes les convoitises, que ce soit la fille de Ming, la princesse Aura, ou encore des peuples de la planète qui voient en lui leur sauveur ou tout simplement Ming qui ne supporte pas cette héroïsme qui le défie…
Flash va donc devoir se battre pour sa survie, celle de Dale devenue sa fiancé et de ces peuples opprimés !

Par fredgri, le 21 juillet 2024

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Notre avis sur Flash Gordon (Hachette) #1 – 1934 – 1936

L’âge d’or des pulps est en plein boom dans les années 30, avec tous ces héros qui parcourent le monde, qui vont sauver des planètes, une belle au cou. Le genre SF est alors celui qui fait rêver les nombreux lecteurs avides de nouveaux épisodes, comme on peut le voir avec Buck Rogers, ou John Carter, crées quelques années auparavant. Flash Gordon est donc lancé pour surfer sur la vague. Il suit le même schéma, le même style de dynamique. Mais très vite, il va largement se distinguer des autres pour la beauté des planches d’Alex Raymond.

Dès les premières cases, on identifie le héros, il est blond, costaud, c’est un athlète accompli, et dès la seconde page lui et ses compagnons d’infortune se retrouvent sur la planète Mongo. Les auteurs ne s’empêtrent pas dans des explications rocambolesques pour expliquer pourquoi il se retrouve là, avec une belle femme à ses côtés, le principal c’est qu’il y soit, qu’il ai ensuite l’occasion de devenir un héros et de sauver la belle Dale, perpétuellement en danger, quand c’est nécessaire.
On est complètement dans les archétypes avec ce héros pur et honnête qui n’a pas peur d’aller se jeter dans la mêlée, sa fiancé est reléguée la plupart du temps au rôle récurent de la demoiselle en détresse qui ne cesse de se faire capturer ou d’être menacée (un peu comme avec Dejah Thoris et John Carter ou bien Buck Rogers et Wilma). Tout l’intérêt de ce strip va résider dans son incroyable dynamisme, dans cette façon d’amener un récit qui ne s’arrête jamais. C’est simple, en à peine quelques strips, Flash est arrivé sur Mongo, a rencontré Ming et sa fille, a déjà combattu des dragons, des hommes rouges, il a sauvé la cité d’une attaque des hommes lion, il a été sauvé par Aura, a déjà secouru deux fois Dale et s’est fait capturer par des hommes poissons…
Vous l’aurez compris, ça va très vite. C’est à la fois une très grosse qualité et un gros défaut. Qualité parce que c’est entraînant et addictif, une fois qu’on commence on a de la peine à reposer le livre. Défaut parce que du coup cette narration très vive empêche toute approche plus subtile et toute caractérisation plus profonde. Pendant quelques mois le héros va se contenter de sauter d’une aventure à l’autre sans se reposer, sans s’arrêter. Mais progressivement, même si le rythme ne ralentit pas, la narration s’aère, se fait plus fine. En parallèle, Raymond varie son graphisme, essaye parfois un trait plus vif, moins précis, c’est extrêmement beau et entraînant.

L’artiste est alors en train de devenir une légende du dessin, son trait sur Flash Gordon est d’abord assez primaire tout en gagnant très vite en finesse, allant jusqu’à devenir même tout simplement sublime. Mais on devine, en parallèle, qu’il a d’autres projets en cours (Jungle Jim et Agent Secret X-9), que son dessin est forcé de changer pour lui permettre d’aller plus vite. C’est assez étrange de regarder ces mutations, comme une sorte de remise en question d’un style pourtant plein de virtuosité.
Il n’empêche que le succès de Flash Gordon est en grande partie du à ce souffle épique qui enrobe chaque planche, entre classicisme tout droit hérité des peintures héroïques de la Renaissance et ce style très poseur des illustrations SF qui fleurissent à cette époque !
Dès les premières planches on est conquis par cette grâce presque chorégraphiée qui anime les scènes, par ces mille et une créatures étranges et par la beauté de ces princesse jaunes ! On retrouve le classicisme précieux et très esthétique que l’on avait avec d’autres artistes comme Hal Foster sur Prince Valiant, par exemple.

Hachette lance donc cette nouvelle collection qui rassemblera sur les quatre premiers volumes l’intégralité des planches d’Alex Raymond, puis suivra avec la période d’Austin Briggs, etc. Une excellente initiative qui pourrait permettre enfin une belle reconnaissance, plus grand public, des ces magnifiques strips américains. Croisons les doigts pour qu’ils puissent aller jusqu’au bout.

Très très vivement conseillé.

Par FredGri, le 21 juillet 2024

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