FLEURY-NADAL (LES)
Missak 1/2
Après avoir échappé in extremis au massacre perpétré par les forces turques sur le peuple arménien et avoir été pris en charge par la Croix Rouge, Missak Zacharian a fini par échouer à Ellis Island comme tant de ses compatriotes. Aspirant à devenir citoyen américain à part entière, le jeune homme, profondément marqué par les évènements meurtriers passés qui lui ont valu la perte de ses proches, se doit d’être recueilli par ses grands-parents Seto et Anahide. Mais pour bénéficier de la nationalité américaine, Missak doit filer droit. Et pour cela, il faudra qu’il évite de tomber dans des travers qui pourraient le faire renvoyer dans son pays d’origine. Pas si évident que ça quand on est surveillé de près par un contrôleur de l’immigration zélé, que la mafia règne en maître dans le quartier et que la solution de facilité est souvent plus alléchante.
Par phibes, le 11 février 2013
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Scénariste :
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dessinateur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782723487276
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Notre avis sur FLEURY-NADAL (LES) #5 – Missak 1/2
Après avoir traité du destin d’Anahide, Frank Giroud revient dans la saga des Fleury-Nadal, préquelle de la série à travers les âges du Décalogue, pour nous conter une partie de la destinée du frère de cette dernière, Missak Zakarian.
Pour ceux qui ont lu l’œuvre initiale, il ne fait aucun doute que le nom de ce personnage mis à l’honneur n’est pas inconnu. En effet, celui-ci a déjà par le passé donné lieu à de nombreuses péripéties reprises dans les albums 5 (Le vengeur) et 11 (Le 11ème commandement). Malgré tout, bien qu’il ait été étudié sur de nombreuses époques de sa longue vie (on le sait centenaire), Missak revient donc dans un diptyque aventureux que l’on peut placer juste après le drame arménien de 1915 et avant ses pérégrinations berlinoises.
Cette première partie est pour le moins intéressante par le fait qu’elle nous installe dans un contexte historique fort, particulièrement bien étudié et superbement représentatif de l’époque. On y découvre ainsi le New York des années après-guerre (1918), véritable plaque tournante de l’immigration où s’entasse un nombre effarant de candidats au paradis américain. A n’en pas douter, Frank Giroud maîtrise son sujet dans une rigueur qu’on lui reconnaît et, au travers du parcours de son jeune protagoniste, nous dresse une radiographie sociétale grouillante et authentiquement remarquable.
Il va de soi que Missak se révèle vite un personnage hors norme, particulièrement taiseux et hautement débrouillard, préfigurant une ascension sociale que l’on connaît déjà. Pour l’heure, le jeune garçon, fraîchement débarqué en terre hospitalière et grevé par le souvenir de la perte de sa proche famille, est promis à bien des embrouilles avec son entourage.L’alternat entre passé et présent utilisé dans cet album donne à ce garçon une profondeur d’âme tout à fait plausible. Fort de ce caractère bien calculé, il ne manque de nous entraîner dans des circonvolutions rebondissantes, souvent sources de profits, douleurs, de mensonges, de violence, d’illégalité.
Côté dessin, c’est Gilles Mezzomo, fidèle au scénariste (T6 de Destins– Déshonneurs) qui a été désigné pour succéder à Didier Courtois (épisode sur Anahide). L’artiste est en très bonne forme et nous le démontre au travers d’un trait reconnaissable (Nouveau monde, Ethan Ringler…). Cet épisode est donc l’occasion de retrouver l’univers réaliste, un tantinet dépouillé et assurément efficace. Le travail sur les décors est particulièrement exaltant et trahit évidemment une recherche documentaire imparable. De même, pour les personnages, ce dessinateur reste dans des proportions pleines d’expressivité et tout à fait probantes.
Un premier volet historiquement bien ancré qui découvre un autre pan de la destinée d’un personnage récurrent de la grande saga initié par Frank Giroud.
Par Phibes, le 11 février 2013