Folle cuisine

Dans la salle d’attente d’un centre médical, de jeunes femmes se prénommant Barbara et Mathilde sympathisent. La première, à la recherche d’un emploi, est passionnée de cuisine, la seconde est serveuse dans un grand hôtel. Leur discussion ayant été interrompue par l’appel du médecin, elles finissent par se retrouver quelques jours plus tard au marché aux fleurs et aux oiseaux. A la terrasse d’un café, Mathilde avoue à Barbara souffrir d’un mal rare, la prosopagnosie, qui lui empêche de discerner les visages et qui s’est déclaré à la suite d’un accident récent. Sentant qu’elle va perdre son emploi lorsqu’elle va reprendre son travail et convaincu que Mathilde a du potentiel, elle lui suggère de tenter de la faire embaucher par son patron. En contrepartie, Mathilde propose alors de l’aider à trouver le moyen de surmonter son handicap dans son travail. Après des débuts difficiles, les deux jeunes femmes parviennent à s’acclimater et à faire leur service convenablement. Un soir très tard, alors qu’elles peaufinent dans la cuisine du restaurant leur stratégie pour le lendemain, elles sont les témoins d’un étrange cérémonial. Quel est donc ce mystère qui plane dans cet hôtel de luxe qui initie des recettes folles et qui semble impliquer certains de ses résidents ? Intriguées, Barbara et Mathilde vont tenter de le découvrir et même de l’adapter au profit de Barbara.

Par phibes, le 18 mars 2015

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Notre avis sur Folle cuisine

Après quatre ans d’absence après son triptyque original intitulé La main du singe, Alexis Laumaillé, une fois de plus fidèle à l’éditeur Bamboo, revient enfin dans le paysage du 9ème art pour nous offrir sa dernière production.

Folle cuisine est une équipée contemporaine qui met au premier plan les pérégrinations de deux jeunes femmes qui possèdent deux points communs, à savoir le même neurologue qui les soigne pour une pathologie différente et surtout la passion pour la restauration. Fort de cette affinité sympathique et de leurs particularismes rares également, Alexis Laumaillé nous livre une histoire qui, à l’image du premier de couverture, va se dérouler dans des proportions des plus étranges.

Toujours adepte de récits qui se nourrissent d’une certaine originalité, l’artiste reste ici dans une intrigue linéaire qui lie les résidents d’un hôtel-restaurant sélect autour d’une cuisine nocturne secrète. Réalisée avec des ingrédients pour le moins insolites, cette dernière va être l’occasion de faire agir les deux héroïnes pathologiquement différenciées pour faire déliter cette énigme pour le moins hallucinante. A cet égard, l’on concèdera qu’Alexis Laumaillé a choisi de démouler son histoire très progressivement, dans un huis-clos verbeux et assez prenant. La connivence entre les deux femmes est plutôt rafraîchissante et leur interaction osée et médicamenteuse dans l’univers baroque de l’hôtel de luxe parvient à surprendre favorablement sans toutefois atteindre un niveau de tension extrême. Sur ce dernier point, on pourra avouer que les seconds rôles ont malgré tout leur place pour alimenter l’atmosphère biscornue de l’établissement et à susciter un questionnement quasi-permanent à la fois sur leur fonction précise et sur leurs liens entre eux.

Côté graphisme, l’on peut saluer la prestation de l’artiste. Ce dernier nous offre un dessin semi-réaliste tout en finesse, très plaisant à regarder. On notera un joli travail sur les décors qui viennent entourer les personnages, au gré d’une profondeur plutôt détaillée et bien inspirée. Ses protagonistes, en particulier Barbara et Mathilde, dégagent à la fois une sympathie, une authenticité très agréable et également une aura mystérieuse (les maladies évoquées y sont pour quelque chose) qui n’est certainement pas pour déplaire.

Une histoire complète plutôt captivante, qui reste à consommer comme un thriller culinaire et qui conforte haut la main la volonté de l’auteur de cultiver des sujets originaux.

Par Phibes, le 18 mars 2015

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