FORETS D'OPALE (LES)
Les dents de pierre

Depuis octobre 2009, nous étions dans l’attente de la suite des péripéties prophétiques de Darko. Ce dernier nous avait abandonné alors que le sac de Onze Racines engendrait un affrontement pratiquement cataclysmique à l’issue duquel notre héros se destinait à retrouver les fameux Titans. Deux ans plus tard, celle-ci est enfin dans les bacs.

Ce septième épisode relance donc l’aventure, une aventure un tantinet initiatique qui, comme prévu, commence dans les Dorsales, immense chaîne montagneuse battue par la neige et évidemment propice à quelques dangers souerrains. Le voyage qui en découle est l’occasion pour le trio de coiffer le toit du monde tout en générant quelques rencontres toujours atypiques et dépaysantes. Si la première partie de l’épopée nous réserve que peu de surprises tout en restant toutefois bien entreprenante, la deuxième réajuste pour notre plus grand plaisir la quête de Darko de manière à lui permettre enfin d’être confronté à l’objet de ses recherches. De fait, l’histoire prend une autre dimension tout en s’insérant, comme dans le tome précédent, dans des circonvolutions non prévues, remettant en cause judicieusement les bases de la prophétie. Ainsi, si Darko en tant personnage principal mène sa barque, emmené par son oncle, c’est la belle Sleilo qui va être mise à l’honneur de façon à devenir subtilement le pivot de la quête.

Arleston, en scénariste averti, tient adroitement le cap de son histoire, la faisant virevolter dans des territoires inaccoutumés et dans des effusions de violence, de sensualité, de magie occulte, au contact de personnages monstrueusement et mystérieusement irrésistibles (Ghörg en est le parfait exeple). La sauvegarde des Cinq Royaumes passe par l’opposition de deux univers bien campés, les représentants de la Lumière et son sorcier avide Kamphre d’un côté, le pourfendeur en herbe Darko et ses compagnons de voyage de l’autre, une adversité généreusement maîtrisée engendrant une animation des plus endiablées.

Philippe Pellet signe un dessin toujours aussi convaincant de par son réalisme et sa recherche pointue du moindre détail. Une nouvelle fois, son trait maintenant éprouvé fait naître des décors d’une luxuriance remarquable, d’un exotisme ensorcelant dans lesquels il fait "déambuler" des personnages originaux, sensibles pour certains, monstrueux pour d’autres, dotés d’une expressivité grandement travaillée.

Un épisode des plus entreprenants que les adeptes avaleront goulûment et qui semble rapprocher Darko et ses comparses de la fin de leur quête.

Par Phibes, le 29 novembre 2011