FRANCAISE (LA)
Mireille
A Buenos Aires en 1926, les françaises sont très appréciées comme prostituées, elles représentent aux yeux des argentins l’élégance et le raffinement et ils n’hésitent pas à payer très cher leurs prestations.
Mireille est une de ces filles, la plus recherchée, la plus douée. Elle se vend pour son proxénète et donne à celui qui la paye le sentiment qu’il est le grand amour de sa vie. Entre les coups qu’elle reçoit et l’amour qu’elle engendre chez ses clients, elle survit.
Jusqu’au jour où un de ses habitués, le juge Ibargarain, est assassiné. Le policier qui est chargé de l’enquête s’appelle Muñoz, flic corrompu, le seul client avec lequel elle a toujours refusé de coucher. Le jour du meurtre, elle avait ce jour là rendez vous avec la victime, pour Muñoz toute enquête est inutile, Mireille est coupable.
Par olivier, le 20 octobre 2011
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782756023243
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Notre avis sur FRANCAISE (LA) #1 – Mireille
De la France à l’Argentine, des jeunes femmes se retrouvent sur le trottoir, sous la coupe de proxénètes, C’est au parcours de ces filles qu’Albert Londres, grand journaliste va s’intéresser, il en publiera un livre, Le chemin de Buenos Aires (La traite des blanches).
Dans une lourde atmosphère des années trente que rend merveilleusement réelle le dessin et les couleurs de Pablo Tunica, Carlos Trillo met en scène le célèbre journaliste. Loin d’adapter simplement le livre d’Albert Londres et de nous faire redécouvrir cette enquête, ce reportage sur la misère des femmes, Carlos Trillo s’en inspire pour écrire un scénario dense et pourtant d’une lecture aisée et fluide.
Sur un fond de chronique sociale dans un Buenos Aires en pleine explosion démographique où la misère humaine fait le lit des maquereaux, il tisse un récit où les histoires d’amour sont merveilleuses de simplicité et illuminent la vie des protagonistes.
C’est un récit profondément humain dans lequel Albert Londres, qui en est le narrateur, est directement impliqué. C’est de l’intérieur, avec la voix d’un témoin direct, que nous sont contées les histoires de Mireille, de Berta et des personnages secondaires qui acquièrent sous la plume de Carlos Trillo une épaisseur intense, une vie toute de fragilité, de cynisme et de compromission.
Loin de nous livrer un récit misérabiliste sur ces filles qui, à l’instar de Mireille, fut vendue pour la première fois à 12 ans à un marin sur le port, le scénariste cultive sur le lit de l’infortune, un espoir, un sourire, une tendresse. Sur le fond noir, terrible et cru de ces corps livrés à la complaisance, l’amour fleuri, inespéré.
Mais le talent de narrateur de Trillo pousse plus loin encore la tension narrative en posant les bases d’une intrigue policière sur les 56 pages de ce premier album où Albert Londres exploite pleinement son talent de journaliste d’investigation.
Superbement mis en scène par Pablo Tunica dont le dessin, splendide dans l’expressivité des personnages qui portent leurs émotions à fleur de peau nous entraine dans une Argentine sombre et splendide. Ses couleurs délibérément sombres et pourtant lumineuses ancrent le récit dans la nuit de Buenos Aires et offrent à ces triste héros un écrin où s’épanouit le trouble et la passion.
C’est la seconde collaboration de ces deux auteurs après Jusepe en Amérique, une association magique où le verbe et le dessin s’unissent voluptueusement pour nous offrir un récit où frémit la passion sur le sordide et l’avilissant.
Par Olivier, le 20 octobre 2011