FRANKENSTEIN À BAGDAD
A Bagdad, l’histoire commence par un personnage qui se veut pour le moins bonimenteur. Hadi Al-Attag, tel est son nom, raconte à qui veut l’entendre son étrange équipée. A la suite d’un attentat meurtrier qui s’est déroulé précédemment, il s’est rendu sur les lieux et s’est mis à fouiller parmi les morts afin d’y prélever une partie d’un corps inerte. Revenant chez lui, il le rajoute à un cadavre gisant dans la cour de son habitation qu’il recompose au rythme des attentats. Plus tard, il se voit victime d’une explosion devant un hôtel. Malgré sa blessure, il parvient à revenir à son domicile et à s’endormir. Le lendemain, quand il se réveille, il s’aperçoit que le corps du « reconstitué » a disparu.
Par ailleurs, il y a l’histoire d’Hasib Mohammed Jaafar, qui est vigile dans un hôtel et qui a été victime d’un attentat. Il assiste tel un fantôme à son enterrement et se remémore ce qu’il vient de traverser jusqu’à son décès. Il découvre que son corps a disparu et que pour clore son chapitre, il doit le retrouver. C’est ainsi qu’il en découvre une partie associée à d’autres dans le patio de Hadi Al-Attag et en l’intégrant, se met désormais à espérer qu’on le retrouve pour l’amener au cimetière.
Et puis, il y a les histoires de Mahmoud, d’Elishua Oum Daniel qui sont appelés à se croiser autour d’un « reconstitué » qui s’est réveillé et qui, sous le sobriquet de Sans-Nom, va provoquer une série de meurtres…
Par phibes, le 22 mars 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782302092884
Notre avis sur FRANKENSTEIN À BAGDAD
Après avoir lancé précédemment sa série historique intitulée Le dépisteur, Antoine Ozanam a décidé de mettre en lumière le roman de l’écrivain irakien Ahmed Saadawi, publié en 2017 en l’adaptant en bande dessinée. Accompagné en cela par l’illustrateur Toni Cittadini, le scénariste s’est donc attelé à reprendre cette très curieuse équipée qui, comme son titre l’indique, s’est inspiré de l’univers fantastique de Mary Shelley construit autour du monstre du Dr Frankenstein.
L’on concèdera que cette évocation exotique est pour le moins surprenante. Tout d’abord par le fait qu’elle est portée par un narrateur que l’on découvrira plus tard et qui mette en présence plusieurs personnages ayant partie liée à un personnage intrigant créé par un chiffonnier à partir de morceaux de chair humaine recueillis sur des victimes d’attentats. Le récit, de fait, a tendance à virevolter autour de ce large microcosme, souvent dans des transitions assez brutales et qui vont chercher parfois bien amont des infos peu ou pas du tout liées aux activités néfastes du reconstitué. Cet étalage d’évocations diverses a tendance à rendre un tantinet confus l’intrigue et à faire perdre pied le lecteur dans toute cette galerie de portraits. Malgré tout, il y a de l’originalité, surtout autour du « monstre », qui à chaque assassinat parvient à effacer une partie de son corps.
Hormis cette surprenante et complexe structuration de l’histoire qui pourrait susciter une certaine cocasserie, il y a toutefois en filigrane la radiographie d’un état (Irak) grevé perpétuellement par des attentats meurtriers et qui plombe sérieusement l’ambiance. Très proches d’une actualité douloureuse, les tribulations sanglantes et vindicatives du Sans Nom sont de nature à marquer les esprits et également à faire réfléchir sur le traumatisme vécu par une population oppressée.
Après avoir œuvré aux éditions Petit à Petit (Queen en bd, Histoires de cuisine…), Toni Cittadini se lance dans une mise en images au long terme. L’artiste effectue un travail pour le moins digne d’intérêt, dans une évocation picturale riche, basée sur une recherche documentaire certaine. Il trouve le moyen de cultiver l’originalité dans le découpage de certaines de ses planches et d’user d’un coup de crayon assez libéré. Les personnages qu’il met en avant sont bien caractérisés dans leurs expressions multiples, y compris le monstre dans sa massivité et son apparence écorchée.
Ce mythe de Frankenstein revisité est vraiment surprenant, et nécessite une réelle concentration pour s’en imprégner.
Par Phibes, le 22 mars 2024