FREDDY LOMBARD
Intégrale 1

C’est la toute nouvelle collection des Humanoïdes associés : Humano/Pocket, le principe est simple, des petites intégrale de 180/200 pages reprenant 3 épisodes d’une série. Jusque là nous avions eu droit à la Caste des Meta barons, l’incal, et là nous voyons débarquer El Nino, Bouncer et… Freddy Lombard. Une initiative réellement bienvenue pour redécouvrir ce chef d’oeuvre de Chaland.
Alors qu’en est-il de ces épisodes ?
Avec ces trois personnages, Chaland voulait à la fois rendre hommage aux héros des vieilles BD qu’il lisait gamin, mais aussi tordre les archétypes du genre !
– La première histoire n’a pas vraiment été pré-écrite, Chaland réalisait les planches sans savoir où il allait, ce qui rend un ensemble malgré tout assez intéressant, même si ça manque sérieusement de structure !
Cette aventure n’est donc pas la meilleure, mais elle permet de découvrir un peu le ton de l’ensemble, ces personnages qui ne se supportent pas énormément, la belle Dina qui est secrètement amoureuse de Freddy qui n’en a vraiment rien à foutre et le colérique Sweep qui ne supporte pas que ça soit Freddy le héros, ce gars sans scrupules et fantasque !!!! On a vraiment l’impression d’avoir devant nous une sorte de version décalée de Spirou et Fantasio, ou bien encore de Tintin et Haddock ! C’est parfois même assez méchant, mais toujours très rigolo ;-))
Alors bien sur, il faut lire du Chaland en gardant dans l’esprit ce regard parodique, car sinon ca peut très vite devenir agaçant, voire même chiant ! En tout cas moi je me suis régalé de ce dessin en ligne clair plein de graisse, magnifique. A mes yeux Chaland était vraiment l’héritier d’un style bien Franco-Belge, très clean et magnifique ! Peut-être qu’en effet cet album n’était pas son meilleur, néanmoins quel talent !!!
– Le deuxième épisode est à la fois un étonnant hommage à ces vieilles séries Belges, un brin colonialistes, qui voyaient l’Afrique comme un pays de sauvages idiots ! Mais aussi une drole de parodie ! En fait on se prend assez vite au jeu malgré l’humour un peu lourd parfois (J’en suis même venu à me demander quelle était la frontière entre parodie et sincérité !!!) De plus on sent la psychologie des personnages qui s’affine, un régal !
Ce qui me plait vraiment dans cette série c’est le rapport entre chaque personnages, Freddy Lombard est un jeune homme un peu fou fou, irresponsable qui a toujours des réactions complètement exagérées ! Dina est une belle jeune femme posée, passionnée, follement amoureuse de Freddy mais frustrée de ne pas être aimée en retour ! Sweep, de son côté, est un gars irrascible mais profondément honnète, malgré tout c’est lui qui se trimballe tout les défauts xénophobes de la troupe, il ne supporte pas non plus que Freddy soit si injustement le centre de toute les attentions (surtout celles de Dina !). Tout ces éléments font de cette série quelque chose de complètement atypique, décalé.
– Enfin, Cette troisème partie est certainement l’un des sommets de la série, et c’est sans doute dù au fait que Chaland, pour une fois, était épaulé par un vrai scénariste, Yann !
L’ambiance, tout d’abord, est très hypnotique, on se laisse bercer par cette histoire ou planent de belles modèles éthérées, ou Freddy est à la fois plus vaillants que jamais mais aussi très lâche (la manière qu’il a de laisser tomber la belle Alaïa qui le supplie de l’aider), mais, surtout, ou l’histoire se plait à jouer avec les lecteurs, les emmenant vers une piste pour l’abandonner quelques pages plus loin ou bien en triturant tout les codes habituels de la BD, le manichéisme, la générosité, l’amour etc. Tout ici est prétexte à s’amuser !
Mais attention, cette histoire n’est pas vraiment amusante, je dirais même qu’elle est plutôt assez cynique !
Mais chaque plan est parfaitement maitrisé, on y trouve des planches d’anthologie (comme les pages 22, 25 et 26) qui montrent bien l’énorme talent de Chaland. Un pur régal à tout les niveaux !

Donc cette réédition est le moyen parfait pour découvrir cet auteur hors du commun trop tôt disparu !

Par FredGri, le 24 avril 2008