FRONTLINE COMBAT
Frontline Combat
(Frontline Combat 9 à 15)
Kutzman et son équipe continuent donc de nous entraîner, au travers de ces 27 récits, sur les champs de bataille, auprès de ces hommes qui se sont battus, que ce soit pendant la guerre de sécession, de Corée, sous Napoléon, contre les indiens, contre les blancs… Mais, au fond, rien ne change, les victimes s’amoncellent, les cœurs s’emportent et le sang finit toujours par couler, invariablement !
Par fredgri, le 7 juin 2013
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Notre avis sur FRONTLINE COMBAT #2 – Frontline Combat
Ce deuxième volume rassemble donc la deuxième moitié de ce titre mythique qui s’arrêta au 15 (Janvier 54). La guerre de Corée, qui est régulièrement mise en scène dans les pages de Frontline Combat, s’étant finie en Juillet 53, le titre va progressivement perdre son lectorat. Il faut dire qu’en parallèle, dès 53 un sous comité sénatorial sur la délinquance juvénile est constitué suite aux plaintes de quelques associations réactionnaires contre les EC Comics. La fin se rapproche, les lecteurs fuient cette polémique qui enfle et qui emmènera en Avril 54 sur les premières audiences publiques, débouchant sur la création du comics code dans la foulée.
En lisant ces récits, le premier sentiment qui vient c’est le dégout, le dégout pour ces vies emportées, pour ces champs de bataille ou sont envoyés des tonnes de soldats ou encore devant le désespoir qui se lit dans le regard des victimes, qu’ils soient indiens forcés de monayer les quelques fragments de leur culture pour survivre, ces familles qui pleurent leurs jeunesses emportées…
Frontline Combat c’est donc surtout une pensée antimilitariste très amère et très virulente, au moment même ou les États-Unis affrontent les chinois et les soviétiques en Corée dans des bains de sang. Mais, assez incroyablement, de cette pensée anti-conformiste à l’époque, émergent toute une série de récits incroyablement bien écrits, très prenants qui nous amènent à réfléchir sur ces hommes, sur leur motivation, ce qui les lie, tout en portant un regard sans concession sur cette réalité très violente qui a permis de façonner notre civilisation, nos cultures hégémoniques, à grand renfort de jets de sang ou de visages écrabouillés dans la boue. Mais, au delà de ce ce constat très sec ces histoires mettent aussi en avant, de temps à autre, une certaine morale empreinte de sentiments nobles comme l’amitié, la générosité, l’amour… Car bien avant ce sang versé il est surtout question ici des hommes et de l’impact de ces guerres sur eux.
Pas mal de récits sont même assez touchants par la justesse de ce qu’ils montrent, par la finesse des sentiments présentés. Il se joue devant nous des drames incroyables et ce titre était le support idéal pour explorer toutes les facettes possibles et imaginables de ces conflits, en gardant bien en tête l’horreur omniprésente.
C’est, je crois, ce qui me fascine le plus dans cette série. Alors que la pensée dominante à l’époque loue les exploits guerriers et le dévouements des soldats sur les champs de bataille, en parlant d’héroïsme, de patriotisme, les EC comics, quand même spécialisés dans des histoires d’horreur assez frontales, prennent le contre courant de tout ça en abordant davantage les effets négatifs et l’impact désastreux sur de nombreuses vies qu’ont eu toutes ces guerres soit disant "glorieuses". Le constat est sans appel. Et c’est à ce niveau là que la très grande qualité des différents scripts est remarquable. On est pris aux tripes et même si parfois quelques pointes d’humour viennent colorer l’amertume générale cela reste éblouissant de maîtrise. D’autant que graphiquement on a ici la crème de la crème, que ce soit Jack Davis, Wallace Wood, John Severin, Alex Toth, Joe Kubert ou Georges Evans, chaque planches est sublime et extrêmement expressive. On sent que ces artistes marquaient leur époque et transformaient en le poussant vers le haut le médium lui même. Les textures sont magnifiques, beaucoup de virtuosité dans les encrages, les noirs, les matières même qui se gissent partout ! C’est simple, en refermant l’album on en reste très impressionné !.
Akileos nous propose donc une traduction de qualité d’un des titres les plus emblématiques des EC Comics, un "must have" comme ils disent ! En tout cas, ne passez pas à côté de ces petits chefs d’œuvre, du vrai récit bien noir, inoubliable !
Par FredGri, le 7 juin 2013
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