FUTURS DE LIU CIXIN (LES)
L'océan des rêves

Dans le cadre du festival des arts de la neige et de la glace, l’un des participants, Dong Yang, s’est distingué pour sa création très originale. C’est lors de son exhibition qu’apparaît dans le ciel un énorme météore glacé qui finit sa course au-devant Dong. Se présentant comme étant un artiste du froid extrême, l’entité extraterrestre avoue avoir quelques accointances artistiques avec l’humain et lui fait pompeusement l’apologie de son art. Inspiré par la réalisation de Dong, l’alien décide de composer et pour cela, part chercher sa matière première, l’eau. Après s’être positionné au-dessus de l’océan, il se met à absorber des volumes d’eau de plus en plus considérables, puis à les geler et à les disposer dans la stratosphère. Pressentant un gros danger pour la planète, l’ONU mandate Dong Yang pour connaître les intentions « artistiques » de l’entité et parlementer sur le devenir de l’humanité. Malheureusement, celle-ci reste totalement imperméable aux interrogations de Dong et continue son œuvre. La décision est alors prise d’engager le combat.

Par phibes, le 9 septembre 2023

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Notre avis sur FUTURS DE LIU CIXIN (LES) #14 – L’océan des rêves

Après avoir œuvré sur les tribulations maritimes du comte Dracula dans Quarante cercueils, Rodolfo Santullo et Jok se retrouvent pour illustrer la quatorzième nouvelle du romancier chinois Liu Cixin. Fidèle au concept général de percevoir les avenirs possibles de notre planète de l’écrivain, ce nouveau récit nous plonge dans un thriller fantastique dans lequel l’humanité va subir l’invasion d’une entité extraterrestre artistiquement destructrice.

A la faveur d’une apparition bien inquiétante, le récit nous donne l’occasion de suivre des péripéties qui ne manquent certainement pas d’originalité. En effet, on pourra être surpris de la qualité de l’envahisseur qui, au nom de l’art, a décidé d’accaparer l’une des ressources naturelles de la Terre, l’eau. Face à celui-ci, un homme, artiste lui-aussi, va devenir en quelque sorte le médiateur de tout le genre humain et participer, eu égard aux agissements de l’artiste du froid extrême, aux différentes initiatives de sauvegarde.

Compte tenu du caractère égoïste de l’agresseur qui ne démord en aucune manière de son objectif de création, un questionnement permanent est de mise quant à la finalité de cette invasion. Est-ce que l’homme vit ses derniers instants ? On peut concéder que Rodolfo Santullo a mis au point une très bonne architecture à son adaptation, dans une évolution linéaire découpée adroitement pour marquer les époques. On reste suspendu à cette intrigue qui a l’avantage de susciter une grande curiosité quant à son aboutissement.

Le dessin de Jok est on ne peut plus agréable dans ses proportions. L’artiste flirte avec une certaine authenticité pour la réalisation des arrière-plans et met en évidence des personnages un tantinet taillés à la serpe. Cette forme d’expression fait, à n’en pas douter, impression car elle donne volontairement une acidité intéressante au message. Les aplats de noir distillés à chaque planche ont le privilège de renforcer avec efficacité le côté dramatique et incertaine des péripéties. Il va de soi que la matérialisation de l’entité extraterrestre est concluante telle une grosse méduse glacée qui transforme tout sur son passage.

Une adaptation efficiente d’une nouvelle qui plonge une fois de plus le monde dans le chaos et dont l’originalité emballera les amateurs de récits fantastiques.

Par Phibes, le 6 septembre 2023

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