G.I. Gay

Sur le point de se fiancer, Alan Cole, un jeune psychiatre, accepte de s’engager alors que guerre vient d’éclater avec le Japon. Au contact des soldats, Alan découvre progressivement qu’il est attiré par un autre G.I. appelé Merle Gore. A l’aube des années 40, l’homosexualité est encore très mal acceptée et l’armée refuse même d’engager des gays dans ses rangs. Merle aide en cachette Alan à se révéler à lui-même, quitte à se mettre tous les deux en danger…

Par fredgri, le 10 septembre 2024

Notre avis sur G.I. Gay

Persécutés, refoulés, montrés du doigt ou même carrément mis en prison, les homosexuels n’ont pas seulement du affronter les à priori de leurs proches, de tous ceux qui les ont jugés, mais ils ont du se cacher pour ne pas subir la haine de ceux qui les ont longtemps considérés comme des malades mentaux, comme des monstres.

Avec G.I. Gay, Didier Alcante et Bernardo Munoz reviennent sur une période compliquée, quand les États Unis sont entrés en guerre contre le Japon, un moment charnière qui a amené de nombreux jeunes américains à vouloir s’engager pour aller défendre leur drapeau sur le terrain. Cependant, les autorités ont imposé une série de critères, lors du recrutement, notamment au sujet des orientations sexuelles des recrus. Au moindre signe de la moindre attirance pour le même sexe, les candidatures devaient immédiatement être rejetées. L’homosexualité étant alors considérée comme une « Déviance disqualifiante » qui pouvait nuire à la discipline et au moral des troupes, qui ne convient pas à l’environnement militaire…
Partant de ce postulat, le jeune Alan Cole, qui ne se pose pas forcément de questions sur ses orientations, qui a toujours évolué dans un cadre hétéronormé, va découvrir, au contact des autres soldats et plus particulièrement d’un groupe qui assume en secret ses penchants, que ses propres sentiments ne sont pas aussi clairs qu’il le pensait jusque là. Un nouveau monde de sensation se dévoile à lui, mais aussi une réalité sociologique particulièrement pernicieuse qui force cette communauté à se cacher, à subir de nombreuses humiliations, à se tenir en marge d’une société qui ne les considère guère mieux que des animaux.

Le cadre militaire est surtout là pour accentuer cette ambiance bourrée de préjugés, imposant une moralité machiste qui justifie la violence infligée à ces jeunes recrus trop vite catalogués.
Alcante reste néanmoins en retrait, livrant un scénario émouvant de justesse, mais qui ne tombe pas dans l’emphase, il dénonce juste comme il faut les débordements de cette mentalité d’un autre âge. On est touché par les épreuves qui se présentent face à Alan et Merle, qui regardent leurs amis se faire brutaliser, qui les mettent au centre d’un tribunal populaire réducteurs et violent. On ne peut qu’être bouleversé par ce qui se révèle au fil des pages sur le quotidien de ces jeunes ou se glissent néanmoins deçi-delà de la joie, de la camaraderie communicative.
Un album qui fait réfléchir, mais qui nous montre combien le chemin est encore long…

Graphiquement, Bernardo Munoz livre une copie très agréable, un trait doux et expressif qui magnifie l’histoire, tout en restant assez réaliste pour ne pas se mettre en travers de l’écriture. C’est de l’excellent travail, extrêmement bien cadré et mis en scène.

Je ne saurais donc assez vous conseiller de vous pencher sur G.I. Gay, vous ne le regretterez pas.

Par FredGri, le 10 septembre 2024

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