GASTON
Le retour de Lagaffe

Cela fait donc près de 30 ans qu’on n’avait eu de nouvelles planches de Gaston, que l’on voit Dupuis qui exhume encore et encore les multiples gags de Franquin, à grands coups d’Intégrales, d’albums à thème, en partenariat avec Hachette, en rééditions augmentées… Le tout accompagné par une multitude de mugs, de montres, de tee-shirts et autres posters qui alimentent une franchise qui fonctionne particulièrement bien sur ce matériel patrimonial qui continue de faire les choux gras de son éditeur.
Mais semble-t il, il est aujourd’hui nécessaire de garder « encore plus » vivant ce personnage, au moins pour tous ceux qui n’auraient pas pu profiter des rééditions annuelles habituelles.

Néanmoins, cette reprise à provoqué une polémique qui n’a cessé de gonfler dans le nouvel espace ou se réunissent respectueusement les plus grands esprits, spécialistes de tous les sujets les plus pointus du moment… les « Réseaux Sociaux ».
L’artiste « repreneur », Delaf, s’est alors retrouvé au centre de multiples attaques de ceux qui ne comprennent pas la légitimité de cette reprise, et qui y voient carrément une insulte et un manque de respect des dernières volonté de Franquin… L’idée n’est pas ici de débattre sur le sujet, mais de poser le contexte qui entoure cette sortie qui fait encore couler de l’encre (ou du scrolle selon…).
On devine toutefois, facilement, que derrière ce projet il y a surtout la volonté d’exploiter un personnage et son univers, et que la démarche de Delaf est davantage celle d’un auteur amoureux de la série, heureux d’être dorénavant aux manettes du Gaston. On va peut-être s’en tenir à ça…

On a pu voir, depuis quelques temps les gags de Gaston revenir dans les pages de Spirou. Et c’est certainement la meilleure façon d’en apprécier les qualités, au milieu des autres séries, dans l’esprit d’une revue jeunesse, sans autres prétentions.
Delaf reste volontairement hyper fidèle à l’esprit de Franquin, à son trait, à ses gags, au point ou l’on a vite l’impression de lire des planches déjà croisées x fois auparavant. L’artiste est encore dans une phase ou il se réapproprie ce monde, d’où l’effet de copié collé bien présent dans ce volume 22. On est ainsi en droit de se demander quel est l’intérêt de refaire le Gaston « comme avant » ! Pourquoi singer le style de Franquin, presque à l’identique ? C’est un peu une des règles immuables pour tous ceux qui ont eu le privilège de reprendre Asterix, Blake et Mortimer, les Schtroumpf, Lucky Luke, Michel Valiant etc. Reprendre un personnage aussi iconique que Gaston implique certainement d’en respecter des codes, principalement graphiques et thématiques.

Malgré tout, Delaf est à l’aise dans le format court, comme il l’a prouvé avec les Nombrils. S’il joue encore avec tous les jouets habituels de Gaston, on peut aisément se dire qu’il commence doucement à glisser des éléments qui lui sont propres et que si d’autres albums suivent, il s’y fera progressivement une place. Cela va être d’ailleurs intéressant d’observer comment il va se réapproprier tout ça ensuite. Va-t il amener de nouveaux personnages, des thématiques qui lui seront personnels ? L’avenir nous en dira plus…
En attendant, l’humour fonctionne très bien, le dessin est beau et même si je me dis que Delaf était plus pertinent sur ses propres créations, il faut bien reconnaître que l’exercice est plutôt réussi.

Néanmoins, pour ma part, je ne sais pas si cette nouvelle version était nécessaire, mais en tant qu’album humoristique qui peut éventuellement gagner un nouveau lectorat, il a le mérite de faire le job.
Et donc oui, c’est agréable de revoir Gaston.

Par FredGri, le 16 novembre 2023