Ghost World
Rebecca et Enid sont deux jeunes filles inséparables qui observent le monde qui les entoure avec cynisme et désillusion. Elles passent leur journées à errer en ville, aller boire un verre ensemble ou se retrouver pour regarder un film, critiquant la télé, les gens qu’elles croisent tout en se demandant ce qu’elle feront du reste de leur vie. Progressivement, elles passent de l’adolescence à l’âge adulte et leur amitié évolue puis s’effrite, chacune d’elle continuant dans sa propre direction…
Par fredgri, le 23 janvier 2023
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782413047759
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Notre avis sur Ghost World
Pour inaugurer cette nouvelle "Bibliothèque Daniel Clowes", Delcourt propose une toute nouvelle traduction de Ghost World de Daniel Clowes, en plus grand format. Une très belle occasion de revenir sur une œuvre et un auteur hors du commun !
Clowes fait partie de cette génération d’auteurs indépendants américains, aux côtés de Ware, Spiegelman, Seth, Mazzucchelli, Tomine… Des artistes qui posent un regard sur l’Amérique moderne, sa société, ses travers. On le connait principalement grâce à ses séries "Lloyd Llewellyn" et "Eightball" ou sont parus les épisodes de "Ghost World" (dans les épisodes 11 à 18) qui, dès leur parution en album, ont été de vrais succès, tant critique que populaire !
Ghost world regroupe donc les principaux thèmes chers à Clowes : le regard sur le monde, des personnages qui se cherchent une identité, complètement en marge… On a sans cesse l’impression que sous l’œil des deux jeunes filles, l’humanité ne vaut pas grand chose, ou en tout cas qu’elle se résume la plupart du temps à un ensemble de dégénérés stupides.
Le ton cynique des deux héroïnes peut très rapidement agacer, car il ne semble y avoir aucune échappatoire, pas le moindre espoir de trouver grâce à leurs yeux. Mais derrière cette "pose" se cache aussi une véritable volonté de rester sincère et honnête, comme si Rebecca et Enid traversaient la vie sans cacher le moindre sentiment, sans faire la moindre concession, quitte à progressivement se couper du reste. Ce qui donne une incroyable étude sèche et froide, surtout en ce qui concerne Enid, cette brune à lunettes fascinante qui se redéfinit, qui hésite, qui demeure le point central de l’album autour duquel tout s’articule. De cette errance perpétuelle et ses tentatives pour mieux se comprendre, la jeune fille propose au lecteur le portrait d’une jeunesse qui tente de retrouver ses marques, loin de l’héritage paternel, loin des repères qu’on veut lui imposer.
Certes, en contre partie, on a l’impression aussi que ces filles, à force de vouloir absolument se marginaliser, de presque trop intellectualiser, se coupent d’une vie plus sociale, plus "épanouissante", plus intuitive…
Le dessin quand à lui est très sobre. Pas d’effets gratuits, juste un trait et des ombres en couleurs monochromes qui ajoutent néanmoins un certain esthétisme froid et distancier plutôt agréable, même s’il reste majoritairement inexpressif et raide !
Depuis, cet album a été adapté au cinéma avec maestria par Terry Zwigoff. Le scénario de Clowes lui même y est même plus profond, rajoutant une très agréable deuxième vision qui ouvre un nouvel angle de lecture de l’histoire originale.
Une œuvre qui reste un des pivots principal de cette école américaine, troublante par la dureté de son propos, mais aussi très marquante par la personnalité sans appel de son auteur, devenu l’une des figures majeures de la BD indépendante US !
Très conseillé !
Par FredGri, le 23 janvier 2023