Ghost World

Rebecca et Enid sont deux jeunes filles inséparables qui observent le monde qui les entoure avec cynisme et désillusion. Elles passent leur journées à errer en ville, aller boire un verre ensemble ou se retrouver pour regarder un film, critiquant la télé, les gens qu’elles croisent tout en se demandant ce qu’elle feront du reste de leur vie. Progressivement, elles passent de l’adolescence à l’âge adulte et leur amitié évolue puis s’effrite, chacune d’elle continuant dans sa propre direction…

Par fredgri, le 9 juin 2014

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Notre avis sur Ghost World

Daniel Clowes fait partie de cette nouvelle génération d’auteurs indépendants américains, avec entre autre Ware, Spiegelman, Seth, Mazzucchelli.., qui pose un regard sur l’Amérique moderne, sa société, ses travers. On le connait principalement grace à ses séries "Lloyd Llewellyn" et "Eightball" ou sont parus les épisodes de "Ghost World" (dans les épisodes 11 à 18) qui a, dès sa parution en album, été un vrai succès tant critique que populaire !

Cet album regroupe les principaux thèmes chers à Clowes : le regard sur le monde, des personnages qui se cherchent une identité, complètement en marge… On a sans cesse l’impression que sous l’œil des deux jeunes filles l’humanité ne vaut pas grand chose, ou en tout cas qu’elle se résume la plupart du temps à un ensemble de dégénérés stupides.
Le ton cynique des deux héroïnes peut très rapidement agacer, car il ne semble y avoir aucune échappatoire, pas le moindre espoir de trouver grâce à leurs yeux. Mais derrière cette "pose" se cache aussi une véritable volonté de rester sincère et honnête, comme si Rebecca et Enid traversaient la vie sans cacher le moindre sentiment, sans faire la moindre concession, quitte à progressivement se couper du reste. Ce qui donne une incroyable étude sèche et froide, surtout en ce qui concerne Enid, cette brune à lunettes fascinante qui se redéfinit, qui hésite, qui demeure le point central de l’album autour duquel tout s’articule. De cette errance perpétuelle et ses tentatives pour mieux se comprendre la jeune fille propose au lecteur le portrait d’une jeunesse qui tente de retrouver ses marques, loin de l’héritage paternel, loin des repères qu’on veut lui imposer. Certes, en contre partie, on a l’impression aussi que ces filles, à force de vouloir absolument se marginaliser, de presque trop intellectualiser, se coupent d’une vie plus sociale, plus "épanouissante", plus intuitive…

Le dessin quand à lui est très sobre. Pas d’effets gratuits, juste un trait et des ombres en couleurs monochromes qui ajoutent néanmoins un certain esthétisme froid et distancier plutôt agréable, même s’il reste majoritairement inexpressif et raide !

Depuis, cet album a été adapté au cinéma avec maestria par Terry Zwigoff. Le scénario de Clowes lui même y est même plus profond, rajoutant une très agréable deuxième vision qui ouvre un nouvel angle de lecture de l’histoire originale.

Une oeuvre qui reste un des pivots principal de cette nouvelle école américaine, troublante par la dureté de son propos, mais aussi très marquante par la personnalité sans appel de son auteur, devenu l’une des figures majeures de la BD indépendante US !

Très conseillé !

Par FredGri, le 9 juin 2014

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