GODEFROY
Le seigneur de Bouillon

Rudi Miel que l’on peut connaître par ailleurs grâce à ses productions antérieures telles Coq-Sur-Mer 1933, Buonaparte, Les grands feux, Libertalia et bien d’autres encore, a décidé de se focaliser sur l’un des personnages historiques qui a la particularité d’être reconnu à la fois en Belgique et en France, à savoir Godefroy de Bouillon. Afin de nous éclairer sur cette sommité, l’auteur a pris pour parti de nous retracer une partie de sa destinée lors de son engagement total dans la première Croisade.

Considérant que de nombreuses zones d’ombres subsistent sur sa véritable personnalité et sur les raisons effectives de sa participation à la campagne contre les infidèles à Jérusalem, Rudi Miel s’est approprié son parcours et s’est « amusé » à boucher les trous qui pouvaient exister. Les prémices de cette biographie aménagée se veulent bien engageants puisque celle-ci qui se rapporte tout de même à des faits réels (trahissant une large documentation) a la spécificité d’éluder le côté documentaire pour prendre des allures d’aventures et de romance.

Selon un découpage temporel bien dynamique, le scénariste nous offre de fait des séquences qui permettent d’installer un cadre autour du duc de Basse-Lotharingie, d’expliciter sa personnalité et une raison probable pour son engouement subit et spirituel pour Jérusalem. Tout en nous instruisant historiquement parlant, il place subtilement une intrigue en lien avec un personnage troublant, Aëlys, qui bien sûr est appelée à se développer dans les tomes suivants. Il ne fait aucun doute que par cette intervention, le récit gagne agréablement en étoffe et éveille un bel intérêt.

C’est Théo Dubois d’Enghien qui s’attaque à croquer la destinée de Godefroy. Délaissant le travail en collectif (Dieppe, Bruxelles, Tour de France…), l’artiste vole cette fois de ses propres ailes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son envolée est des plus réussie, ce dernier nous offrant une illustration de grande qualité, rigoureuse de manière bien camper l’Histoire et belle dans l’exécution du coup de crayon. Rehaussé par la belle palette de colorisation de Felideus, le travail graphique mis en avant se veut réaliste (décors et personnages dénoncent une recherche évidente) et pour le moins profitable pour capter l’attention des lecteurs fans d’histoires dans la grande Histoire.

Une première partie d’un récit historique à la fois didactique et captivant qui nous éclaire agréablement sur la prise de position du fameux Godefroy de Bouillon.

Par Phibes, le 2 juin 2024