Gospel

(Gospel 1 à 5)
On est en Angleterre, en 1538.  Quatre ans auparavant, le roi Henry VIII, qui n’a pu obtenir l’aval du Papa pour l’annulation de son mariage avec Catherine d’Aragon et son remariage avec Anne Boleyn, a provoqué un schisme avec l’Église qui a amené le pays a glisser progressivement vers l’anglicanisme (Bible traduite en anglais…), ce qui transforme tous ceux qui obéissent encore au Pape et aux dogmes de l’Église en traitres envers le roi.
Au village de Rumstead, la jeune Matilde rêve d’aventures, embellies par son ami Pitt, le conteur local. C’est une fervente catholique qui ne voit pas d’un bon œil tous ces bouleversements hérétiques qui mettent en danger le père Nicholas, qui l’a recueillie quand elle n’était qu’une petite enfant. Soudain, des explosions retentissent vers le monastère de la butte d’Olnick et le diable apparait pour clamer que dans 5 jours, si les villageois n’ont pas renoncé à l’Église, il viendra la détruire… Matilde voit l’occasion de s’illustrer. Elle a donc très peu de temps pour retrouver la tombe de St Rumpus et récupérer son légendaire marteau avec lequel il a jadis abattu le diable…

Par fredgri, le 26 juin 2024

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Notre avis sur Gospel

Au milieu du catalogue Urban, Gospel apparait comme une surprise à la fois agréable et déconcertante.
Agréable, car le dessin est beau, que l’histoire, malgré ses petites imperfections, reste vraiment prenante, avec de très bonnes idées… Mais déconcertante, car justement il demeure des éléments narratifs qui coincent, qui sont soit maladroits, soit mal gérés. On se pose la question…

Le récit se déroule au XVIe siècle, au cœur du schism provoqué par le roi anglais Henry VIII. L’héroïne, la jeune Matilde, est une jeune idéaliste, fervente catholique qui ne supporte pas la remise en question des valeurs religieuses qui sont au centre de sa vie et de son imaginaire. Elle rêve d’aventures, de monstres diaboliques à combattre, de chants en son honneur qui se répandent dans le pays. Mais le petit village de Rumpstead est trop étroit pour elle, elle finit par s’y ennuyer. Alors que tout se précipite autour d’elle, la figure symbolique du Diable qui surgit un soir, au milieu des flammes, est pour elle le signal de la Grande Aventure, l’ultime exploit qui va faire d’elle un nom qui va être enfin reconnu de tous, sujet de mille et une statues à son effigie… Seulement voilà, elle comprend l’importance de l’image, des histoires qui se transforment en contes, et son ami Pitt, un orateur né, devient un élément très important pour amplifier ses faits d’armes.
Le scénario se déroule ainsi sur plusieurs plans, d’une part, la réalité, d’autre part sa version fantasmée et enfin tout ce qui évolue en marge, comme les amours contrariés entre Pitt et Jenn, la jeune femme auprès de qui il aimerait être.
Le premier élément perturbateur du récit, ce sont ces séquences qui se déroulent au présent, ou une jeune femme, sensée évaluer la santé mental d’un vieil homme pouvant l’amener ensuite à être envoyé dans un centre, l’interroge et l’écoute lui raconter l’histoire de Matilde et Pitt… Aucun lien évident n’est établi entre le passé et le présent, si ce n’est la nature même de cette histoire orale, de la façon de la raconter… Mais en quoi cela va aider ou non à l’évaluation de l’homme ? Quelle est la raison de ces séquences ? Si ce n’est de troubler inutilement l’intrigue…
Ensuite, l’auteur use d’ellipses souvent un peu trop brusquement, au point de certes nous surprendre, mais aussi de nous faire perdre le fil de la lecture…

Ainsi, l’écriture, aussi prenante et entraînante soit elle, manque de finition dans les angles, et j’avoue que c’est dommage, car Morris tient une super idée, un bon concept d’ensemble et ce jeu entre réalité et histoire racontée aurait mérité d’être affiné.

En contre-partie, sur le plan graphique, c’est du superbe travail qui rappelle à certains moments le style de Mark Buckingham, par exemple (Fables). Un trait qui marie très agréablement un encrage vif, parfois minimaliste et dynamique, avec un soin tout particulier sur les expressions, les cadrages etc. On ne peut que tomber sous le charme de ces planches.

Gospel reste donc une petite curiosité que je vous conseille de feuilleter au moins, si ce n’est de vous laisser tenter.

Par FredGri, le 26 juin 2024

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