Grafity's wall

Dans les rues de Mumbai, Suresh, Jay et Chasm sont trois amis qui vivent dans le Chawl, le quartier pauvre de la ville. Leur quotidien est fait de système D, d’espoir d’une autre vie et de désillusions. Suresh rêve d’envahir les murs de Mumbai et d’ailleurs de ses graff endiablés, Chasm s’imagine en grand écrivain, tandis que Jay essaye juste de survivre en jouant de temps en temps les DJ, entre deux livraisons de drogue.
La vie est à la fois simple et compliquée, mais peuvent-ils seulement s’en échapper ?

Par fredgri, le 16 juillet 2023

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Notre avis sur Grafity’s wall

Grafity’s wall est le premier véritable album de Ram V. A travers ces pages on peut déjà deviner toute la subtilité de l’œuvre à venir, dans ces portraits, dans cette façon de s’arrêter sur de simples gestes, des regards, des non-dits qui nous révèlent bien plus l’intériorité des personnages que leurs propres mots.
Mais il est surtout question ici de décrire le parcours de trois copains, rejoints à un moment donné par une jeune fille, dans les quartiers pauvres de Mumbai, qui rêvent de pouvoir sortir de ce conditionnement social qui les avale petit à petit, qui broie leurs rêves entre les rouages d’une machine désillusionnée.

Pas de grand récit ici, juste un scénario touchant, d’une grande sincérité, loin des grandes intrigues moralisatrices, pleines de leçons de vie, de jugements. On ne sait pas trop ce que vont devenir Suresh, Jay, Chasm ou Saira, on les imagine accrochés à leurs plans pour devenir quelqu’un d’autre, pour réaliser telle ou telle vision, mais quelque part, nous nous arrêtons sur cet instantané d’un moment, en les regardant assis, au bas d’un mur, à juste être ensemble.

Toute la finesse de Grafity’s wall découle alors de ce refus de la perspective, de cette volonté de rester dans le moment figé à les observer. On peut même, peut-être, se reconnaître dans ces silhouettes désinvoltes.
Ram V et Anand RK témoignent d’une époque en suspend, d’une transition entre l’essor d’une ville, d’une société ou le gouffre entre les classes se creusent toujours davantage, et ces quartiers de laissés pour compte sans avenir.

Est-il encore temps pour redistribuer les cartes ? Pour partir ?

En refermant cet album, on reste pensif en réfléchissant à cette génération qui peine à sortir de sa condition, à simplement croire qu’elle en a les moyens.
C’est extrêmement bien écrit et graphiquement c’est du très très beau travail. Une belle découverte, très conseillée !

Par FredGri, le 16 juillet 2023

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