GRAND BOURGOGNE OUBLIE (UN)
Quand viennent les cicadelles...

En août 2013, dans les environs de Tournus, le petit domaine bourguignon géré par les trois frères Samuel, Christophe et Xavier sous la férule de leur mère se préparent aux vendanges. C’est à cet instant que surgit leur ami caviste Jojo, grand amateur de vins racés, qui embarque sans vergogne Samuel à la découverte d’un élixir hongrois, le Royal Essentia. A l’issue de leur périple qui a permis aux deux adeptes d’en apprendre un peu plus sur le mode de culture et de vinification de cette liqueur, Samuel retrouve le domaine. Non sans une certaine appréhension car il a été averti d’un gros problème qui grevait sa propriété. En effet, ses vignes présentent à certains endroits des tâches jaunes inquiétantes. Après avoir fait un prélèvement pour le faire analyser au plus tôt, replonge dans la quiétude de son domaine. Il reçoit la visite de Jojo accompagné d’un ami avec lesquels il procède à une dégustation en règle de plusieurs nectars dont un de 1978 extraordinaire réalisé par un petit producteur du Jura malheureusement décédé sans divulguer son secret. Quelques jours après, l’analyse de l’échantillon révèle aux trois frères la nature de la maladie qui touche leur cheptel, la flavescence. Le verdict tombe à la faveur d’un arrêté préfectoral : après les vendanges, les parcelles infectées doivent être arrachées. L’avenir de l’exploitation est alors menacé, et ce pour le plus grand plaisir du sinistre Catroux. Comment vont-ils pouvoir redresser la barre ?

Par phibes, le 7 mars 2018

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Notre avis sur GRAND BOURGOGNE OUBLIE (UN) # – Quand viennent les cicadelles…

Après un premier jus particulièrement sympathique, Emmanuel Guillot, Hervé Richez et Boris Guilloteau remettent les couverts pour nous entraîner dans une nouvelle histoire de vignerons du territoire bourguignon. Animés par la même ferveur, les trois auteurs nous introduisent au sein d’un domaine familial promis à vivre des moments intenses partagés entre désillusions et espoirs, le tout servi dans des arômes prononcés de divins breuvages.

Force est de constater que le récit dont il est question se veut se reposer sur une intrigue qui brasse généreusement fiction et expérience viticole. Manu Guillot et Hervé Richez en digne scénaristes font en sorte, via leurs personnages très inspirés d’acteurs locaux (voir le cahier en fin d’album), de nous sensibiliser sur un sujet très proche de la réalité. Ici, il est question certes de mise à mal d’une activité viticole face aux infestations et aux arrachages inéluctables mais aussi d’hommes qui vivent avec une passion démesurée leur métier (qui fait envie), toujours en quête d’excellence et prompts à partager avec un plaisir non dissimulé et à tout moment leurs fameux nectars.

De fait, à la faveur de ces ambiances de terroirs s’étendant de Budapest à Tournus en passant par le Jura, le lecteur prend pleinement ses marques et déguste sans retenue les péripéties vécues par les protagonistes. Leur simplicité, leur vivacité terrienne, leur bonhomie, leur loquacité subtilement mises en avant touchent agréablement, révèlent des élans sous-jacents de générosité et génèrent assurément une réelle adhésion.

De son côté, Boris Guilleteau continue à jouer habilement avec ses pinceaux. Dans une restitution semi-réaliste et dans une tonalité sensible de gris que l’on a déjà apprécié précédemment, l’artiste évoque avec force le monde de la viticulture. Inspiré comme il se doit des personnages réels dont il a pris le temps de travailler leur représentation au point de les rendre bien attachants, il anime ses derniers avec un naturel qui touche très plaisamment.

Une deuxième tournée mêlant intrigue et didactisme que les amateurs sauront apprécier amplement.

Par Phibes, le 7 mars 2018

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