GRANDVILLE (VF)
Bête Noire

L’inspecteur Rocher, de la Préfecture de Paris, vient trouver LeBrock afin qu’il l’aide à résoudre le mystérieux assassinat du peintre Gustave Corbeau. Mais la scène du crime est étrange, sans indice évident, et à priori sans mobile. Quand le peintre Auguste Rodent, qui avait repris la dernière commande de Corbeau, se fait lui aussi tuer, LeBrock et son fidèle Roddy enquête alors sur cette ultime fresque qui semble au cœur de l’affaire, ainsi que les liens qu’il pourrait y avoir avec un richissime industriel, M. Krapaud…

Par fredgri, le 10 septembre 2023

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Notre avis sur GRANDVILLE (VF) #3 – Bête Noire

Retour à Grandville, ses rues, ses affiches dans tous les coins, ce mélange entre SF et rétro qu’on appelle du Steampunk, et les multiples clins d’œil de Bryan Talbot au monde de la BD, de la culture générale. Le foisonnement d’une excellente série.

A nouveau, nous suivons l’imposant inspecteur LeBrock et son second, Roddy, au cœur de la cité, enquêtant au sujet de meurtres impliquant des artistes peintres et de richissimes industriels. C’est l’occasion pour l’auteur d’aborder plusieurs sujets en parallèle de son intrigue, comme les conflits entre artistes classiques et modernes qui vont permettre d’amorcer, dans notre réalité, des mouvements comme le fauvisme ou l’abstraction, mais aussi de mettre en avant les « réticences » des classes privilégiées vis à vis des avancées sociales au profit des classes ouvrières. A ce sujet, la partie introductive est extrêmement parlante, même si je trouve qu’elle insiste lourdement sur le mépris des riches, sur ce l’aspect caricatural.
Toutefois, quand on observe davantage ce fond, on se rend bien compte que Talbot a particulièrement bien documenté son scénario, qu’il ne s’agit pas juste d’une simple enquête, mais bien plus du portrait d’une société très divisée qui nous renvoie à notre propre réalité. Chaque album appuyant progressivement sur le gouffre qui sépare la population (et pas forcément que sur le plan financier, il suffit de voir le regard que porte les personnages « animaliers » sur les humains…), mais aussi sur les différences culturelles.
Talbot est un esthète qui s’intéresse aux différentes représentations de l’Art populaire. Il ponctue ses planches de petites apparitions et s’en amuse, comme la foule des manifestants qui clament « Nous sommes des personnes aussi », parmi lesquels on peut reconnaître des Schtroumpfs, Archie, Spirou, Tintin… Ou le scientifique Angus Mortimire qui à la tête de Philip Mortimer…

Malgré tout, Grandville reste aussi une excellente série à suspense ou le héros est amené à résoudre une énigme en chambre close assez épineuse pour, encore une fois, découvrir l’ampleur réelle de l’affaire qui implique des notables hauts placés, des complots à l’échelle nationale.
On est captivé du début à la fin, cherchant les indices dans les coins, admirant les trouvailles de l’auteur, ces machines qui se déplient, menaçantes, le soin porté aux décors, aux architectures et cette façon de renouer avec l’esprit feuilletonnesque propre à la Belle Époque, l’effervescence artistique dans les salons, les ateliers, les débats enflammés…

D’album en album, Grandville demeure une lecture qui surprend et qui donne très envie d’avoir la suite.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 7 septembre 2023

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