Grimoire noir

Il pleut à grosses gouttes sur la ville de Blackwell, la seule localité amércaine qui ne condamne pas les actes de sorcellerie, et il y a une raison. En effet, Heidi, la petite sœur de Bucky Orson a disparu depuis deux jours et leur mère est inconsolable. Son désarroi agit magiquement sur le temps. Bucky est également désemparé par le manque de nouvelles et la compassion de son ancienne amie Chamomile ne l’aide pas à atténuer sa douleur. Certes, les recherches ont été lancées par son père Don qui est aussi shérif de la cité mais malheureusement ces dernières ont été improductives. Heidi aurait-elle été kidnappée ? Mais par qui ? Devant ce manque de résultat, Bucky a décidé de mener ses propres investigations et de se lancer dans une chasse aux sorcières particulièrement ardue pour retrouver Heidi.

Par phibes, le 22 janvier 2021

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Notre avis sur Grimoire noir

Paru initialement dans sa langue d’origine en juillet 2019, ce roman graphique signé Vera Greentea et Yana Bogatch fait un passage remarqué sur les étalages des libraires de France. Avec une présentation qui conforte l’intitulé, ce volumineux ouvrage a le privilège de nous transporter dans une dimension mélée de romantisme gothique et de fantastique où la sorcellerie a toute sa place.

C’est à la suite d’un drame que débute le récit, une disparition inquiétante qui va animer un jeune garçon dans une quête policière qui va se voir agrémentée de bonnes petites surprises, de rencontres et d’évènements hors du commun. Progressivement, au fil des pages et des chapitres, Vera Greentea trouve le moyen de construire le cadre extérieur qui entoure Bucky, restreint au niveau de la famille et ensuite élargi à la commune. Par ce biais, la scénariste nous plonge en plein onirisme, au cœur d’une communauté volontairement isolée de la nation américaine, avec sa propre législation concernant la protection des sorcières et avec un passé pour le moins douloureux.

Les investigations de Bucky sont l’occasion de nous ouvrir les yeux sur une société où toutes les femmes ont un pouvoir propre et que derrière ce pouvoir, les intentions diffèrent. Via son intrigue à suspense, Vera Greentea broie subtilement du noir mais aussi susccite l’émerveillement. Les évènements qui se succèdent se jouent du poétique et du tragique, titillant à n’en pas douter le féérique. La quête du frère à Heidi ne verse pas forcément dans l’effroi mais se nourrit d’une atmosphère douceureuse engageante, lénifiante, mystérieuse qui s’étale généreusement sur plusieurs tableaux, passé et présent et nous trimbale avec une belle efficacité d’indices en indices vers un déroulement final bien sympathique.

L’attrait de cet ouvrage passe inévitablement par le superbe travail de Yana Bogatch. Cette dernière qui démontre visuellement une inspiration manga met en avant un dessin magnifiquement riche en expressivité et en ambiance. Tout d’abord, la qualité picturale de ses décors, se déclinant à partir d’un réalisme enivrant et d’un choix somptueux de couleurs, est indéniable. A ce sujet, l’artiste ne plaint pas le travail, usant d’une réelle patience et surtout d’une rigueur artistique qui force l’admiration. Ensuite, les personnages bénéficient d’une représentativité, d’une beauté physique qui a tendance à les rendre captivants, attachants, concluants dans leurs actions.

Un très bel ouvrage sur une histoire surnaturelle de sorcellerie très bien menée, aux effets magiques, mystérieusement sombres et enjôleurs à souhait. A découvrir !

Par Phibes, le 22 janvier 2021

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