GUERRE D'ALAN (LA)
Intégrale

La vraie vie d’Alan Ingram Cope, soldat américain lors de la seconde guerre mondiale. Se référer aux résumés des tomes séparés.

Par Placido, le 7 avril 2010

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2 avis sur GUERRE D’ALAN (LA) # – Intégrale

Si à l’instar du Photographe, La Guerre d’Alan avait été publié chez un grand éditeur comme Dupuis, cette série aurait très probablement "fait un carton" à peu près équivalent. En effet, de part son étiquette "alternative" et "underground", L’Association ne touche qu’un lectorat limité. Mais c’est justement avec ce genre de BD taillé aussi bien pour le bédéphile avisé que pour le grand public qu’il faut essayer de promouvoir les maisons d’éditions indépendantes, souvent riches en trésors cachés. Et vu la qualité et la beauté de cette intégrale, on est des sacrés veinards ! Car qu’on se le dise, c’est un petit bijou tant sur la forme que sur le fond.

Le fond, c’est le récit de vie d’Alan Ingram Cope raconté et dessiné par Emmanuel Guibert. C’est une personne qui a vécu beaucoup de chose, entre sa mobilisation au sein de l’armée américaine, ses nombreux voyages, ses nombreuses rencontres… Même si les deux premiers tomes sont consacrés principalement à la seconde guerre mondiale, il ne faut pas s’attendre à des scènes de combats (il n’y en a pas une seule) ou même un brin de suspens. Non. Tout l’intérêt réside dans la narration de petites anecdotes, de ce que le personnage a réellement vécu : les choses au jour au jour, ses relations avec les autres soldats, sa vision des ordres qu’ils recevaient : avancer sans savoir où, ni comment ça allait se passer. Et surtout comment il appréhendait ses grands événements qui ont marqué l’humanité. Il ne faut donc pas croire non plus que l’album est dénué de toute tension, c’est souvent très prenant. Le troisième tome, plus philosophique et plus humains, permet à l’auteur d’exprimer tout son talent : une narration très simple et un rythme très lent. Il se dégage alors une poésie d’une subtilité touchante et le charme opère.

La forme, est tout simplement le fruit d’un travail exceptionnel. D’abord édité en petit format séparé, cette intégrale se joue des normes en proposant un très grand format, plus haut qu’une BD classique. La couverture est très épaisse et le papier d’excellente qualité, ça sent bon l’encre ! Je n’ai pas lu La Guerre d’Alan en plus petit, mais les dessins sur grand format sont impressionnants. La bichromie sépia laisse exprimer une étrange subtilité entre des contours aux traits épais et une finesse dans la description des décors et des personnages. Et puis ce bleu recouvrant la couverture, ce fond boisé et ce soldat qui marche dans l’obscurité ! Rien n’est inscrit sur le derrière de couverture (le code barre n’est qu’un astucieux autocollant et s’enlève facilement) ni même sur la tranche et on profite pleinement de l’ouvrage. Tout ça au prix des 3 tomes séparés bien évidemment.

La vie extraordinaire d’une personne très simple, très intelligente, parfois chanceuse, et dont l’histoire méritait d’être racontée. La série trouve sa fin dans une ultime anecdote, et s’achève par un : "Voilà, c’est tout.". On pourrait penser à de l’ironie, mais je crois qu’il s’agit plutôt d’une profonde modestie, tout en poésie.

Indispensable.

Par Placido, le 7 avril 2010

Témoignage d’Alan Ingram Cope retranscrit et mis en image par Emmanuel Guibert, La Guerre d’Alan est un récit fort chargé d’ « émotions vraies », de vécu. Les mots de ce livre sont les paroles de ce jeune soldat pris dans l’engrenage d’une guerre qui n’était pas la sienne. Ce qui touche réellement c’est la sincérité du propos et la justesse du dessin d’Emmanuel Guibert qui s’efface presque pour laisser pleinement la place au souvenir.

La Guerre d’Alan témoigne de l’histoire, avec un petit « h », d’un homme qui a contribué à écrire celle avec un grand « H ». C’est une prise de conscience que la guerre possède plus d’un visage et que celui que l’on voit dans les films ou dans les livres d’histoire n’est pas le seul et unique.

Sincère, empreint de pudeur et de sensibilité, La Guerre d’Alan est un livre précieux, indispensable.

Par melville, le 23 juin 2010

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