H.ELL
La nuit, royaume des assassins

Devenu questeur criminel par décision royale, le chevalier déchu Harmond Ellander, surnommé H.Ell, a été appelé en pleine nuit par Teroueg à la morgue. Ce dernier, qui a examiné le corps de la créature multiforme que l’enquêteur a tué, a la conviction qu’elle n’est certainement pas toute seule dans la ville. Cette révélation rend perplexe le questeur qui, en même temps, s’interroge sur le cas du cadavre d’un homme gisant juste à côté. Il apprend que celui-ci a fait une overdose d’une drogue puissante qui circule depuis peu dans le bourg et que l’enquête a été confiée à son équipier Verech. Par ailleurs, vivant difficilement la séparation imposée avec sa famille, Harmond ne peut s’empêcher de chercher le moyen de se mettre en rapport avec sa fille et utilise pour cela la mystérieuse chasseuse de primes Hanova. C’est lors d’une réunion houleuse entre questeurs qu’HEll retrouve l’odeur de mort qui caractérisait l’être abattu antérieurement et commence à s’interroger sur sa provenance. Serait-il possible que d’autres multiformes malfaisants hantent la cité et que la Mort Crue ne soit pas totalement annihilée ? Aussi, afin de pousser plus loin ses investigations, il se tourne alors vers Nayade la prostituée qui a également la particularité de se transformer.

Par phibes, le 22 mars 2015

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Notre avis sur H.ELL #2 – La nuit, royaume des assassins

Après un premier tome pour le moins mordant qui nous permettait d’aborder une équipée policière aux accents médiévalo-fantastiques prononcés, Stephen Desberg, dans cette prolixité qu’on lui reconnaît, revient dans sa saga pour donner la suite des péripéties.

On aurait pu penser qu’à la suite de l’affrontement final entre le questeur Harmond Ellmander et l’être changeant à l’origine des assassinats relatés antérieurement, il en était fini de son enquête. Or, avec cet épisode, il n’en est rien puisque l’Ordre des veilleurs auquel appartient l’ancien chevalier a encore du pain sur la planche. En effet, Stephen Desberg, en maitre du suspense, prolonge son thriller moyenâgeux en lui donnant un peu plus de corps.

Non seulement, l’aura des multiformes se renforce dans cette mixité raciale qui fait distinguer les bons (Nayade, Vésiale) et les mauvais assoiffés de sang (dont on pourra enfin découvrir leur terrible aspect originel) dans cette quête qui est loin d’être finie, mais aussi le poids de la présence de Sir Allaman s’intensifie sur la famille du questeur. Par ailleurs, le fait de monter d’un cran l’histoire permet aussi de l’étoffer au moyen d’autres personnages clés (la belle sorcière, la chasseuse de prime…), d’autres pérégrinations policières parallèles comme l’affaire du poison bleu qui ne manquera pas d’être liée à celle d’Harmond et surtout d’un complot à l’échelon supérieur dont on commencera à discerner autour de la femme du policier.

Evidemment, cette deuxième partie ne manque ni de punch et ni de surprises, et vient entretenir, de par cette atmosphère glauque initiée par la Mort Crue volontairement soutenue et malgré une sensualité prégnante, une noirceur et une oppression bien profitable. Compte tenu de la pluralité des faits, Desberg tisse sa toile sans trop en dire et assure un séquençage très dynamique des plus intéressants, forçant avantageusement la curiosité du lecteur et le poussant dans des retranchements interrogatifs.

Force est de constater que Bernard Vrancken est très loin de l’univers d’IRS qu’il partage aussi avec le scénariste et démontre tout de même qu’il peut être à l’aise dans d’autres registres comme celui d’H.Ell. A cet égard, on pourra à nouveau saluer la justesse de sa prestation qui met en valeur des instantanés criant de réalisme, basculant avec rigueur entre beauté ensorcelante et horreur inquiétante. Il ne fait aucun doute que son trait aiguisé donne lieu à des décors médiévaux volontairement obscurcis afin de bien entretenir cette atmosphère lourde et à un superbe travail sur les personnages.

Une quête policière aux portes de l’enfer haletante menée tambours battants par deux maitres incontestés de la bande dessinée qui se jouent à la perfection de la sensibilité de leur lectorat.

Par Phibes, le 22 mars 2015

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