H27

De retour d’un voyage en Chine, Yves a retrouvé ses copains de l’atelier BD dont il fait partie. Une sacrée équipe ! Des Belges, des Français… Puis, très vite, pour s’éloigner du brouhaha des conversations ayant trait à l’actualité (politique, principalement), il a repris ses crayons et est allé chercher calme et inspiration dans un petit coin de verdure bruxelloise. Pour être tranquille, il fut servi ! Pas un oiseau pour chanter, pas un canard pour cancaner. Cette nature silencieuse en était presque irréaliste !

L’explication ne mit pas longtemps à s’imposer : en premier titre, tous les media ne parlaient plus que du fléau nommé H27 qui s’était abattu sur Bruxelles et ses proches environs. Les oiseaux mouraient par centaines, ainsi que les chats et les chiens. Enfin les choses se sont gâtées lorsque les premiers humains à avoir été contaminés décédèrent…

Yves et ses potes déconnaient avec ça. Ca n’arrive qu’aux autres ! Mais les chiffres s’emballèrent, et rapidement, les morts se comptèrent par dizaines de milliers !!! Les réponses politiques s’appelèrent mise en quarantaine, couvre-feu, décontamination, tir à vue sur les personnes bravant les consignes données au public… Bruxelles était en état de guerre, et l’ennemi, invisible, n’allait pas tarder à éclaircir les rangs de nos joyeux dessinateurs…
 

Par sylvestre, le 7 septembre 2009

Lire les premières pages de H27

2 avis sur H27

C’est vrai qu’elle tombe à pic, cette bande dessinée, en cette période où la grippe porcine H1N1 est sous les feux de l’actualité ! Même si ses références à l’élection de Nicolas Sarkozy lui trahissent un certain âge… (Précisons qu’elle est parue par épisodes sur le net, depuis fin 2007, sur le site grandpapier.org) Mais il n’empêche que les différentes grippes meurtrières se succédant, H27 devrait recevoir un certain écho des lecteurs que nous sommes, dans notre société où les mesures de prévention commencent à atteindre un niveau qu’on avait rarement atteint jusque là.

Un bon point pour l’auteur Younn Locard, donc. Mais par chance, l’intérêt à porter à sa BD ne se borne pas à cette heureuse coïncidence. Derrière, il y a une histoire… C’est d’ailleurs de manière assez étrange qu’elle commence, sans nous orienter trop vite sur le phénomène du fléau H27. La première planche nous fait donc nous interroger : va-t-on avoir affaire à un carnet-souvenir de voyage, puisque la Chine est évoquée ? Non. Va-t-on avoir droit à une critique politique menée par une bande de joyeux copains, comme c’est le cas dans plusieurs des premières pages ? Non plus. Va-t-on alors avoir affaire à un ixième regard sur la vie d’un atelier BD ? Pas plus…

Et c’est là que le sujet éclate : ce H27 qui était loin des préoccupations et dont on riait, même, va venir bouleverser Bruxelles et ceux qui y résident. (Y’a des jours, on devrait rester en Chine… pas vrai, Yves ?!) Le scénario part alors au quart de tour, nous plongeant dans la chronique d’une vie quotidienne sous le sceau de l’angoisse. Prisonniers chez eux, impuissants face au mal, sans aide extérieure, contraints même – par des interdictions – de prendre des initiatives… Nos héros perdent leur assurance et deviennent des cobayes apeurés par un phénomène qui les dépasse, ce qui donne évidemment lieu à des scènes de stress, d’hystérie et de bagarres… entre potes désorientés. D’une certaine manière, l’exercice se rapproche de celui de Guerres civiles (Futuropolis), analysant comment les gens réagissent dans de telles situations extraordinaires.

H27 est en noir et blanc. Cela ajoute au côté dramatique, tout comme le fait qu’on est en présence, tout au long de l’œuvre, d’au moins trois styles graphiques différents. L’un existe à base de très gros coups de pinceaux très noirs, l’autre présente des planches très blanches et dont les personnages sont croqués avec un trait fin. Le troisième est plutôt utilisé pour les extérieurs et montre des dessins "tracassés", grisâtres, pour lesquels on parlera plus de hachurage que de colorisation. Cette cohabitation de styles aide à poser les ambiances ; elle donne malheureusement aussi un côté hétérogène au tout, comme si toutes les planches n’avaient pas été réalisées dans un ordre (chrono)logique.

On ne tire pas d’enseignement de H27. Younn Locard n’a manifestement pas voulu rester trop réaliste, et c’est tant mieux : il s’est ainsi permis d’exacerber les réponses des ministères concernés et de faire tourner sa BD au thriller suffocant. On remarquera qu’il a même ajouté des scènes comme celle de la couture de la plaie d’un des personnages. Comme quoi un peu de sang et de grincements de dents en plus pouvaient facilement accentuer le stress déjà omniprésent : il a ainsi réussi à faire de sa BD un spectacle à huis presque clos qui ne laisse pas indifférent. Et qui nous fait nous poser des questions sur ces fléaux que les media apportent chez nous via le poste de télévision mais qui pourraient, un jour, qui sait, nous concerner plus directement.

124 pages d’une aventure à faire frémir… Achetez H27 avant d’être assigné à résidence pour cause de pandémie et de ne plus pouvoir aller chez votre libraire ! C’est aux éditions L’employé du Moi.
 

Par Sylvestre, le 7 septembre 2009

Même si les évènement actuels évoquent inévitablement le scénario de la bd, il seraitt regrettable de penser l’ouvrage comme opportuniste tant il représente un long trvail entamé bien avant l’émergence de cette paranoïa.

Un très bon album, dont le texte est admirablement rédigé et qui laisse espérer d’autres ouvrages de l’auteur.
Certaines références discrètes à des objets amusants telle une minuscule affichette de jacques suchet le provocateur, cachée dans un décor achèvent de compléter notre intérêt pour ce bel album qui ne vous décevra pas. Courez-y!

Par Bwana, le 8 octobre 2009

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