Hait Shirt
John sort d’une rupture qui comme toujours s’est mal passée. Lors d’une soirée il croise Naomi, une amie d’enfance un peu plus jeune que lui qu’il avait perdu de vue. Commence alors entre eux une romance assez étrange, surtout quand la jeune fille lui présente sa voluptueuse amie Shazia. Mais les retrouvailles avec Naomie ramènent John en arrière, il se souvient de Chris le frère de la jeune fille et son meilleur ami, jusqu’à ce qu’il grandisse et devienne de plus en plus odieux… Entre secrets inavoués, fantasme et grands sentiments…
Par fredgri, le 5 mai 2013
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
Collection s :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9782070610938
Publicité
Notre avis sur Hait Shirt
Vous ne connaissez probablement pas Pat McEown et c’est bien dommage. Car cet artiste canadien, assez discret il est vrai, a pourtant su se créer une vraie identité graphique au travers de projets aussi riches et passionnants que Zombie World avec Mignola, Grendel Tales: Homecoming avec Matt Wagner et Dave Cooper, tout en travaillant pour Marvel, pour Vertigo, pour Dark Horse ou encore pour Fantagraphics, et à chaque fois son style reste aux antipodes des modes en vigueur.
Après plusieurs années de silence, à travailler dans l’animation ou encore à donner des cours, McEown revient cette fois avec cet album fait directement pour le marché européen. Son style est plus vif, moins propre, le trait est parfois tremblé, mais à la finale cela fonctionne merveilleusement bien avec une approche résolument moins consensuelle, plus "indés" !
Sous les apparences trompeuses d’une histoire d’amour l’auteur nous entraîne dans les méandres intimistes des fantasmes d’un jeune homme qui entretient des relations particulières avec les femmes, avec ses souvenirs et ses secrets mal digérés. Alors tout le récit passe par le filtre de sa compréhension, et même s’il suit une trame générale il ne cesse de digresser, d’évoquer des moments perdus, des années auparavant, avec des flash back qui viennent s’interposer par-ci par-là.
On sent bien, petit à petit, que le narrateur ne nous dit pas tout ou tout du moins qu’il n’a pas toutes les cartes en main, que ce soit le regard en coin de Naomie, son numéro de tel qu’elle glisse au barman une fois John parti, son délire sur le regard de John sur les gros seins de Shazia… John est un jeune homme parfois paumé qui s’avère souvent dépassé par les évènements. Il reste encore tellement de choses non résolues, comme ce rapport au chien, à sa famille, à certain épisodes enfouis…
L’album se termine sur des interrogations, comme John on garde cette vague impression que quelques détails nous échappent, mais surtout que ça n’est pas forcément si important que ça. A la fin, quand John s’adresse à Izy, qu’il lui pose les questions qu’il gardait pour lui, il libère une sorte de pression et se rend compte qu’avant tout il est important de parler, calmement ! Et tant pis s’il reste encore des vieux fantômes dans les coins, il y a pas mal de choses à vivre, des rencontres et des amis qui sont là…
Je ne sais pas s’il y a vraiment un propos particulier aussi profond, on garde le sentiment que cet album n’est qu’une tranche de vie qui n’arrête en rien l’histoire en cours. Toujours est il que l’écriture de McEown est d’une subtilité incroyable tout étant parfois assez déstabilisante aussi !
Un excellent album qui reste une très bonne découverte, un auteur un peu trop discret qui mériterait d’être davantage mis en valeur !
Par FredGri, le 5 mai 2013