Hammett

Pour ses prétendues accointances communistes, le romancier Dashiell Hammett est dans le collimateur du sénateur Mc Carthy et se voit harcelé par la police qui est à la recherche d’un dossier qui pourrait le compromettre. Alors que ce dernier a été récupéré par le dénommé Mendel, l’écrivain retrouve son amie Lilian qui lui fait rappeler une ancienne affaire sur laquelle il a travaillé lorsqu’il était détective à l’agence Pinkerton. Ça se passe à Butte dans le Montana au moment où il est engagé par le sinistre Arthur Savage pour briser les mouvements de grève qui perlent dans son entreprise. Mais son intervention vire au cauchemar, cauchemar qui un peu plus tard l’inspire pour écrire sa première nouvelle et qui se manifeste à nouveau lorsque Dashiell recroise le chemin de Savage devenu alors sénateur. L’occasion est rêvée pour tout tenter pour lui faire la peau.

 

Par phibes, le 17 décembre 2011

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Notre avis sur Hammett

Jean Dufaux poursuit son tour de mise à l’honneur des grands écrivains qui ont marqué leur temps. Après Sade, Hemingway, Pasolini, Balzac, c’est Dashiell Hammett, célèbre romancier américain initiateur du roman noir, qui se voit commémoré au travers de ce one-shot issu de la collection Caractère de chez Glénat.

Les ambiances du Faucon de Malte ou de La moisson rouge se retrouvent dans cet ouvrage qui nous plonge au cœur d’une intrigue sombre retraçant l’univers propre à cet auteur dont le travail influença bon nombre d’écrivain adepte de ce genre. Jean Dufaux, en grand stratège, s’est accaparé l’imaginaire de celui-ci au moyen d’une large documentation et nous le restitue dans une épopée policière qui reprend les codes de la pratique littéraire d’Hammett et retrace une petite partie du parcours de ce haut personnage pour le moins persécuté pour ses idéologies.

On retrouve ainsi les ambiances de l’ouest des années 30, où la corruption est de mise jusqu’aux confins du Montana. D’un côté, on découvre un détective novice et intègre, de l’autre des bandits notoires, des femmes fatales mystérieuses, et au milieu une police peu efficiente. Se prêtant au jeu du mélange des époques, Jean Dufaux construit d’une manière maîtrisée la personnalité de son personnage clé, lui faisant vivre des moments intenses tels la rencontre avec le Ku Klux Klan et lui donnant l’occasion de se dévoiler dans une histoire de famille peu ragoûtante tout en négociant avec la pègre locale.

Pour la mise en images de cet ouvrage, le scénariste refait appel à Marc Malès avec lequel il a travaillé pour Hemingway. Ce choix est on ne peut plus judicieux par le fait que le graphisme ampoulé que cet artiste met en évidence, se prête à merveille à la thématique et l’époque traitées. Son trait est somptueux, d’une clarté et d’une noirceur exceptionnelle quant aux larges aplats sombres employés grassement. On pourra apprécier la finesse des cadrages, du choix du détail des arrière-plans (parfois superbement déformés pour indiquer quelques troubles) qui accompagnent des personnages d’une grande expressivité dans leurs attitudes allongées et leur regards mystérieux.

Une biographie remarquable en l’honneur du maître du roman noir, Dashiell Hammett, adapatée par deux autres maîtres du 9ème art, à lire et à relire.

 

Par Phibes, le 17 décembre 2011

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