HANNIBAL MERIADEC ET LES LARMES D'ODIN
L'Ordre des cendres

Les équipées flibustières du Capitaine pirate Hannibal Meriadec semblent inspirer fortement Jean-Luc Istin qui se permet de publier simultanément en ce mois d’août deux aventures liées à ce même personnage. De fait, si la série phare "Le sang du dragon" voit paraître son quatrième opus ("L’enchanteur Iweret"), le présent tome vient alimenter une branche dérivée des péripéties de cet écumeur des mers haut en couleurs.

Comme il se doit, les histoires de pirates riment avec chasse au trésor. "L’Ordre des cendres" ne déroge nullement à la règle et nous entraîne dans une quête qui se situe chronologiquement quelques dix ans avant les péripéties du "Sang du dragon".

Savamment orchestrée, l’histoire contée dans ce premier épisode installe, au gré d’un séquençage fourni, les bases de l’aventure. Un pirate tonitruant et charismatique, un trésor extraordinaire, un adversaire énigmatique et fantomatique, une pinte d’amour et d’humour, une giclée de scènes d’action saupoudrées d’un brin de vengeance, tels sont les éléments qui vont se mélanger subtilement sur deux époques pour former un produit plein d’audace.

Si elle ne renouvelle certainement pas le genre, l’intrigue a un potentiel accrocheur. Hannibal Meriadec est un protagoniste tout en subtilité. En effet, en cet opus, il peut se révéler à la fois une véritable brute sanguinaire fort volontaire et également un aimant plein de compassion pour sa belle masquée. A cet égard, le dramatique semble prendre corps et vient agrémenter émotionnellement parlant les péripéties mouvementées de ce boucanier face à un double antagoniste (présent et passé) qui ne demande qu’à se dévoiler.

Superbement exécutés, les dessins de Stéphane Créty mettent en exergue un travail profond issu d’une maîtrise graphique qui n’a cessé d’évoluer depuis "Salem la noire", en passant par "Acriborea". Son trait bénéficie d’une petite touche burlesque mais sait également faire frémir quand il le faut. On appréciera grandement ses perspectives qui donnent un relief formidable à ses vignettes. De même, l’impression de mouvement est excellemment restituée dans une puissance picturale que l’on pourra apprécier dans les manœuvres navales d’un grand réalisme.

Le titre de cette série est largement explicite quant à l’identité du barreur. Pour ma part, il ne fait aucun doute qu’il a déjà fait ses preuves par ailleurs et que, comte tenu de sa notoriété, je suis prêt à le suivre sur une nouvelle virée.
 

Par Phibes, le 11 septembre 2009