HAVANA SPLIT
Bienvenue à Cuba

En avril 1958, à Cuba, le pouvoir en place détenu par Fulgencio Batista copine avec les Etats-Unis via le représentant local de la CIA tandis qu’un climat de rébellion s’est installé. John Botia, détective privé et José Cojones, son collaborateur se doivent de récupérer Lily, la fille étudiante de leur patron Arnaldo Valdès, qui débarque de Miami pour passer ses vacances à la Havane auprès de son géniteur. Alors qu’un attentat anti-Battista vient grever les retrouvailles, John et José entraînent Lily au stade Latinoamericano qui est inauguré en grande pompe par le Colonel et dans lequel se trouvent Arnaldo et sa secrétaire Chiquita venus assister à un match de baseball. L’attente se prolongeant, les deux détectives emmènent la jeune fille à leur agence pour se retrouver bientôt en face d’Alfonso Piñeiro, un entrepreneur véreux spécialiste des paris sportifs et de ses hommes de main. Celui-ci détenant en otage Arnaldo totalement hagard, il vient réclamer la somme que ce dernier a perdu en pariant soit 50 000$. La somme étant très importante, le mafieux leur fait une autre offre en compensation, celle de kidnapper la starlette Concepción Milagros, la protégée d’un autre mafieux, Ernesto Ochoa, dit l’Ambassadeur. Sans autre possibilité, John, José et Lily passent à l’action mais les malversations qui grèvent La Havane vont bientôt déranger lourdement leur plan…

Par phibes, le 4 janvier 2025

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Notre avis sur HAVANA SPLIT #1 – Bienvenue à Cuba

Scénariste pour le moins productif qui plus est sur des thématiques bien différentes, basculant entre aventures, policier, humour…, Brrémaud nous offre ici une histoire pulp qui a le privilège de se dérouler à la Havane durant l’année 1958. Il se donne pour objectif de nous intéresser à une aventure historico/politico/policière vécue par un cabinet de détectives et par la fille du responsable dudit cabinet dans un climat de corruption et de tension extrême.

A n’en pas douter, l’auteur a décidé de bien planter le décor avant de lancer son histoire incroyablement détonante en prenant le temps, dans les premières pages, de faire une description contextuelle de la fameuse île de Cuba préalablement à l’époque choisie et pendant celle-ci. Brrémaud a décidé d’employer un ton incisif, très enflammé et percutant. Dans ce contexte révolutionnaire en marge duquel le pouvoir cubain ne cache pas ses liens très étroits avec les Etats-Unis, l’artiste joue, sous le couvert de dialogues qui en disent long, avec ses personnages principaux qui soit subissent de plein fouet ses manigances internes soit les provoquent sans aucun atermoiement.

Si la généreuse Lily vient tempérer un tantinet ce climat pesant, John et José, chacun avec leur caractère spécifique, mènent la « danse ». Cette dernière se veut véritablement bien rythmée, cadencée par des actions fortes qui viennent de toute part et qui mettent en évidence une atmosphère loin d’être sereine, corrompue à souhait et aussi pour le moins loufoque. La violence n’y est pas exclue et se décline via des scènes chocs que le système mafieux et les détectives précités engendrent volontairement, associée à une légèreté ambiante assurément pas désagréable du tout.

Graphiquement, Vic Macioci effectue son travail avec un rendu étonnant et détonant. L’artiste italienne joue sur une certaine esthétique qui fluctue entre liberté de trait et rigueur artistique. Elle nous embarque dans cet univers caricatural où la violence a sa place et côtoie une certaine cocasserie. Il ne fait aucun doute qu’elle maîtrise le mouvement (surtout dans la bagarre) et nous assure de bons effets tapageurs. Le découpage des planches se veut empreint de modernité et mettent en évidence à certains moments des plans de la Havane plutôt audacieux.

Un premier opus qui claque et qui nous renvoie une vision d’époque caricaturée certes, mais loin d’être fausse. Bienvenue dans un monde cruel !

Par Phibes, le 4 janvier 2025

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