Hellship

A la fin de l’automne 1944, sur une petite île proche des Philippines conquise aux forces japonaises, l’armée américaine s’est installée en parant au plus pressé pour lancer le plus rapidement possible ses escadrons de chasse à l’encontre de son redoutable adversaire. C’est en ces lieux isolés que le Capitaine Edwart Baxtor et son équipier, le Lieutenant Chester Portman, pilotes d’un B25, jouissent d’un peu de repos en attendant leur prochaine mission. Malheureusement, malgré l’arrivée de jeunes et belles infirmières, cet instant de plaisir ne tarde pas à être gâché par les railleries de Floyd et également par l’annonce de la disparition du frère de Portman. Le lendemain, l’équipe de Baxtor et de Portman est mise sur la touche à cause d’un problème sur leur B25. Dépités de voir les autres partir en mission, ils profitent de leur inactivité pour fêter la future paternité du Capitaine. Mais les réjouissances sont de courte durée car enfin, leur « taxi » étant réparé, ils peuvent partir pour une nouvelle mission qui consiste à faire la chasse à un convoi de bateaux japonais. Partis avec l’intention de battre leur record de navires coulés, Baxtor et Chester vont vivre le pire moment de leur vie de pilotes.

Par phibes, le 28 février 2015

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Notre avis sur Hellship

Grâce à l’éditeur Paquet et sa collection spécialisée Cockpit, Jared Muralt fait son entrée dans l’univers de la bande dessinée en présentant sa toute première aventure grand public. Se déclinant sous la forme d’un one-shot, celle-ci est l’occasion de nous plonger dans le contexte de la guerre du Pacifique, au moment où cette dernière tourne irrémédiablement à l’avantage des forces militaires américaines, lors de l’automne 1944. Pour cela, l’artiste se focalise sur la destinée d’un équipage de B25, promis à une mission guerrière pour le moins marquante.

Hellship (bateau de l’enfer en français), qui fait référence aux bateaux nippons transportant des prisonniers de guerre, est donc l’occasion de mettre en évidence une histoire dramatique fort bien inspirée dans sa progression et sa finalité. A partir d’un prologue rapide qui pourrait susciter une certaine curiosité, Jared Muralt parvient sympathiquement à faire tourner sa fiction autour de deux personnages que l’on va découvrir et dont on va suivre les pérégrinations.

Sans s’éloigner du côté historique, le récit se nourrit de l’intimité des pilotes, de leur quotidien militaire, de leur amitié partagée, grevés par des moments qui peuvent se révéler bons ou moins bons. Cette évocation loin du front permet donc de découvrir leur caractère, leur univers proche (leurs pairs sur la base) et éloigné (frère et femme), et de les préparer à une expérience qui va se déclarer sous la forme d’une mission douloureuse. A ce titre, l’auteur trouve la bonne mesure pour faire enfler progressivement son aventure et de l’orienter habilement vers un point paroxysmique effroyable, insoupçonné et surtout puissant.

Pareillement, au niveau du dessin, l’on peut percevoir, tout au long des 45 pages, une certaine évolution avantageuse, tendant à démontrer que l’artiste gagne en confiance. Son trait (que l’on peut également apprécier dans l’annexe graphique après le récit) lorgne vers un réalisme assez efficace malgré quelques déformations sur l’apparence des personnages préjudiciable. On sent là aussi une volonté de travailler le plus finement possible, à la faveur d’un détail qui a sa place et d’un encrage qui se révèle à plusieurs reprises bien profitable.

Une histoire guerrière complète bonne à lire qui, sous l’égide de la Maison Paquet, permet à Jared Muralt, artiste polyvalent, de faire une entrée remarquée.

Par Phibes, le 28 février 2015

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