HELVETIUS
Le temps des menaces
A Rome, -59 av. JC., à la suite d’une mauvaise nuit, Jules César fait demander un devin. Celui-ci lui part qu’eu égard à la teneur de ses rêves, sa destinée va enfin se révéler et asseoir sa véritable puissance. Fort de son association avec Pompée et Grassus, il bénéficie du soutien du peuple et de la plèbe. Toutefois, le Sénat ne lui est pas favorable et semble lui préparer un piège lors de la fin de son mandat de consul. Aussi, est-il prêt à anticiper les manœuvres insidieuses de ses adversaires qui pourraient envisager son assassinat et celui de Pompée…
Pendant ce temps, dans la vallée du Rhin, le peuple Helvète subit une fois encore les assauts meurtriers de leurs voisins germains. Le chef de clans Divico a décidé de se rallier à Orgétorix pour sauver les Helvètes en faisant migrer ceux-ci vers une terre plus prospère à l’ouest. Lors d’une rencontre entre chefs, il est décidé, à la suite de l’assurance d’Orgétorix de mener à bien leur projet et de confirmation de leur union, de quitter le pays dès que les récoltes seront rentrées. Mais il semblerait qu’un vent de trahison souffle sur cet exil…
Par phibes, le 13 août 2024
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Scénariste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782889322725
Notre avis sur HELVETIUS #1/3 – Le temps des menaces
A l’origine, Helvetius était une pièce de théâtre historique concoctée par Dominique Ziegler qui a vu le jour à l’automne 2020 durant la crise du COVID (cf. cahier en fin d’album). Malheureusement, cette pièce qui bénéficiait d’un succès naissant n’a pu poursuivre son ascension et son auteur, sous le couvert d’une aide providentielle de la Confédération Suisse, l’a transformée sous un autre format culturel qu’il connaît bien, celui de la bande dessinée (on lui doit notamment les deux adaptations de Miss Marple d’Agatha Christie chez les éditions Paquet).
Le temps des menaces est donc le premier volet de cette adaptation qui est prévue de se décliner en trois actes. Le récit, subtilement séquencé, nous permet dès le départ de cadrer les lieux géographiques et la période concernée. Nous nous trouvons donc au moment où Jules César est consul de Rome et qu’il n’est pas loin de se préparer à conquérir la Gaule. Par ailleurs, les peuples Helvète, Séquane et Eduen qui font partie de la Gaule indépendante souffrent des raids meurtriers germains qui les affaiblissent considérablement au point qu’ils ont décidé de quitter leurs territoires.
Dans cette ambiance pour le moins conflictuelle et authentique, Dominique Ziegler a décidé de traiter son sujet historique d’une manière certes très pointue mais assurément brutale, à la faveur d’un découpage dynamique et de séquences chocs. Il met en valeur les tractations multiples des deux côtés (Helvètes et Romains) qui ne sont pas soulever des complots de taille, des stratégies de toute sorte dont certaines empreintes de grandes traitrises pour bénéficier d’un pouvoir toujours plus grand.
Ce premier tome se veut fort en tout point, à la fois éducatif sur cette période historique et aventureux eu égard au traitement scénaristique moderne et enlevé. Dominique Ziegler marque effectivement des points en rendant son évocation, via des joutes verbales musclées et subtiles, très acerbe par l’impitoyabilité ambiante qu’il en ressort.
Bénéficiant d’un matériel adéquat à proximité (les comédiens ayant participé à la pièce de théâtre ont posé pour lui), Félix Ruiz qui est assisté de Carlos Moran et de Vincenzo Giordano exécute un excellent travail graphique à la fois riche et détaillé. Issu du milieu comics (Batman, X-Men…), l’artiste revient ici dans des proportions plus franco-belges qui se veulent bien évidemment efficaces. La recherche documentaire fait partie de sa prestation, dans un cadrage de choix et une animation remarquablement énergique. Le jeu des personnages est aussi averti et campe de façon très concluante les caractères trempés de chacun ainsi que leur amoralité et leur cruauté.
Un levé de rideau sur une confrontation historique entre Helvètes et Romains hautement restituée et tonitruante qui a l’avantage, au regard de sa puissance, de susciter ardemment l’envie de découvrir le deuxième acte.
Par Phibes, le 13 août 2024