Henriquet l'homme-reine

En mai 1574, à la suite du décès de Charles IX, le royaume de France est exsangue. Encore sous le coup du massacre des protestants lors de la nuit de la Saint-Barthélemy, la nation connait en son sein de terribles dissensions. Pourtant roi de Pologne, Henri III, frère du défunt, abandonne son trône pour celui que lui tend sa mère, Catherine de Médicis. Couronné en février 1575, il prend la direction du royaume de France, tâche pour le moins ingrate. En effet, les finances sont au plus bas et les contestations, qu’elles viennent des protestants ou des malcontents, sont pléthores. A la cour, la situation n’est pas meilleure puisqu’Henri III doit faire face à ses parents les plus proches qui complotent dans son dos tels son frère, le Duc d’Alençon, ou son cousin, Henri de Navarre. Considérant cette menace intestine et eu égard à la pression des catholiques, le souverain n’aura de cesse de résister aux complots, tout en asseyant son autorité et en tentant de préserver l’intégrité du royaume face à des guerres religieuses inévitables.

Par phibes, le 16 mars 2017

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Notre avis sur Henriquet l’homme-reine

En adaptant le roman historique de Jean Teulé dédié à Charles IX et intitulé Charly 9, Richard Guérineau a marqué des points grâce au succès obtenu. Fort de cet exercice grisant, l’artiste a décidé de poursuivre sur cette lancée artistique en prolongeant l’histoire de la grande lignée des Valois et en s’attachant à narrer le règne tourmenté du successeur de Charles IX, à savoir son frère Henri III.

Dans un style narratif plutôt similaire au précédent et sous le couvert d’un titre volontairement effronté, ce nouveau volet royal a l’avantage de se décliner sous des effets historico-tragi-comiques mélangés très subtilement. A cet égard, Richard Guérineau s’est donc appuyé sur l’Histoire (les quinze années de règne du fameux roi) et le démontre haut la main en nourrissant son récit biographique de faits bien précis qui ont marqué sa destinée qu’il a habillé à sa sauce au travers de dialogues ciselés, très bien tournés et d’anecdotes croustillantes.

C’est ainsi que nous découvrons le fameux Henriquet, au travers d’une évocation linéaire et chronologique riche, dans une tonalité décalée qui élude tout ennui. Plongé dans des guerres de religion à répétition, contraint de vivre avec la trahison de ses pairs (de son frère Hercule en particulier), obligé de subir le joug de la Mamma de Médicis et de puiser dans un trésor vide, l’Homme-Reine peut se targuer d’avoir une destinée pour le moins hors norme et nous interpelle pleinement de par cette extravagance dont il est à le démonstrateur (aimant se vêtir en femme et s’entourant de mignons) et que l’auteur met en lumière de façon très imagée.

Evidemment, comme il a pu nous le démontrer auparavant, si le texte est des plus aiguisés, la partie graphique se révèle d’une qualité extraordinairement explicite. De son trait soigné et adroit, l’artiste donne vie et mort à son roi dans une fluidité et une pluralité d’effets de styles picturaux – dessins et couleurs – (de l’illustration de livre d’Histoire aux strips comiques sous le pseudonyme de Dick Gerwin) qui ont le mérite de diversifier et de donner agréablement du rythme à la narration.

Une biographie royale tragi-comique portée par un Richard Guérineau pour le moins inspiré. A découvrir urgemment !

Par Phibes, le 16 mars 2017

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