Himalaya vaudou
Ils sont quatre à gravir les terribles pentes enneigées himalayennes, Gabriel Granduc, S.S.D.A, Jimmy, tous trois personnages publics faisant partie intégrante du PAF, et leur guide. En ces conditions périlleuses, ils poursuivent un but précis, celui d’atteindre le sommet pour y réaliser une interview. Et pas n’importe quelle interview, celle du Père-Noël. Existe-t-il réellement ? Mais oui, puisque depuis quelques temps, il fait parler de lui à cause de ses idées humanistes grandiloquentes et de ses cadeaux à la Terre entière vraiment empoisonnés et mutagènes.
Par phibes, le 13 août 2009
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782723469074
Notre avis sur Himalaya vaudou
Voilà une bande dessinée comme je les aime. Totalement décalée et aberrante dans la façon dont se déroule l’histoire mais très pertinente dans les réflexions qu’elle ne manque pas de susciter eu égard aux thèmes d’actualité développés.
Oui, vous l’aurez compris, sous prétexte d’une mainmise « vaudouesque » d’un intrigant gourou milliardaire omnipotent, le sympathique tandem formé par Frédéric Bernard et Jean-Marc Rochette taille dans le gras des dossiers qui pèsent sur la société moderne et sur son avenir : environnement, développement durable, surpopulation, biodiversité, écologie…
Pour ce faire, Frédéric Bernard utilise des moyens quelque peu acidulés. En effet, fort de son expérience antérieure en BD avec "Little odyssée", "L’indien de le Tour Effeil", "L’homme bonzaï"… et en écriture avec "La tendresse des crocodiles" et "L’ivresse du poulpe", il plante, sous la forme d’un journal de bord, un décor naturel grandiose (la chaîne himalayenne) au sommet duquel vit un personnage singulier, le soi-disant Père Noël. A ce titre, l’on comprend pourquoi avoir choisi le toit du monde pour ce personnage mégalomane. Bien énigmatique, radical dans son étude du monde qui l’entoure, intransigeant envers son prochain, ce dernier se fait le messie sentencieux d’un ordre animalier nouveau. Son existence et son ascension sociale nous sont habilement et progressivement explicitées ainsi que sa propension à gérer les problèmes par une sorcellerie imparable.
Face à ce personnage inquiétant (surtout pour les dirigeants de la société moderne), Frédéric Bernard lui oppose un tandem de personnages célèbres issus de la télévision. On pourra se délecter au passage des petits clins d’œil que ne manquera pas de faire l’auteur vis-à-vis de journalistes réels tels ce S.S.D.A. (Serge Sel d’Amargue), un P.P.D.A. en puissance, Jimmy, petite frappe intrépide fraîchement sortie d’une émission de télé-réalité et Gabriel Granduc, reporter écologiste de la trempe d’un Nicolas Hulot averti.
L’aventure passe par tous les stades, de la caricature au drame en passant par un fantastique piquant, le tout baignant dans un humour grinçant et bien entretenu. Les dialogues, bien pourvus en références, présentent une agréable et mystérieuse consistance qui prend au jeu le lecteur et dans laquelle le secret himalayen dévoile toute son ampleur. Les répercussions d’une telle manœuvre se déclarent au travers d’un final superbement amené qui secouera inévitablement le lecteur, émotionnellement parlant.
Jean-Marc Rochette étale tout son talent de graphiste quant à la restitution des paysages de montagne qu’il n’hésite pas à faire déborder de ses nombreuses planches. Le sentiment de plénitude et d’immensité rocheuse qu’évoquent ces dernières réalisées dans une réelle naturalité, est très fort, malheureusement sacrifié par l’arrivée des hommes de cordées. Ses personnages, quant à eux, ont été défini selon un trait plus humoristique (Gabriel Granduc est, semble-t-il, la caricature de Nicolas Hulot) qui convient sans ambigüité au cadre naturel. On pourra apprécier au cœur de l’aventure la transition entre la montagne et la brousse qui, par les cadres évoqués et les couleurs employées, saisira inopinément le lecteur.
"Himalaya vaudou" est un one-shot détonant qui surprendra voire ensorcellera plus d’un lecteur par sa teneur semi-authentique. Qui sait si après ça, vous n’en sortirez pas métamorphosé !
Par Phibes, le 13 août 2009