Histoire d'un Chinois d'Amérique

Jin Wang débarque pour une nouvelle vie dans une petite ville californienne. Il vient de San Francisco avec ses parents. Il est le seul enfant d’origine chinoise de son école. Il doit donc supporter le regard des autres, avec leurs préjugés, leurs moqueries. Il vit sa différence avec beaucoup de difficulté.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Histoire d’un Chinois d’Amérique

Ce livre était très attendu en France car il a reçu aux Etats-Unis un accueil pour le moins exceptionnel. Il a été élu « Meilleure bande dessinée de l’année » pour Publishers Weekly, Booklist et Amazon.com. The San Francisco Chronicle et The School Library Journal l’ont propulsé « Meilleur livre de l’année ». Il a aussi été lauréat du Michael L. Printz Award et du Reuben Award de la meilleure BD de l’année. Etc, etc.

C’est donc avec beaucoup d’intérêt que je me suis plongé dans la traduction faite par les éditions Dargaud.

Le livre, d’un point de vue esthétique tout d’abord, est très réussi. La couverture est simple mais très belle, avec son vernis sélectif, ses couleurs vives et son format « roman ».
A l’intérieur, c’est tout aussi plaisant. La papier brillant sert de territoire à des planches courtes (toujours limitées à trois, quatre ou cinq vignettes) placées au cœur d’un grand espace blanc. C’est étonnant et très moderne. Cela explique aussi l’épaisseur inhabituelle de l’album (plus de 230 pages).

La présentation colle en tout cas très bien avec le style graphique, tout en ligne claire et en couleurs pastelles. C’est là encore très tendance, très beau.

Et l’histoire dans tout cela ? Il s’agit en fait d’une fable. Elle se divise en trois récits apparemment distincts. Je dis apparemment car vous serez surpris du dénouement et des liens qui existent finalement entre chaque histoire (je n’en dit pas plus bien sûr !).
Il y a donc le récit du petit garçon, Jin Wang (le sous-titre français est, rappelons le, « Histoire d’un Chinois d’Amérique »), qui doit supporter des brimades de la part de petits camarades pas toujours très ouverts d’esprit mais aussi, tout simplement sa vie et la recherche de l’amitié puis de l’amour. On découvre son parcours sur plusieurs années.
Il y a ensuite l’aventure du roi des singes, qui cherche à gagner le respect des autres dieux du Monde, au risque de se fourvoyer.
Enfin, nous découvrons les problèmes d’un jeune Américain qui voit chaque année débarquer un bien pesant cousin chinois qui le suit partout et notamment au lycée.

Le thème général du livre, c’est la différence. Les apparences physiques et la culture peuvent devenir des barrières ou, tout au moins, des difficultés. Gene Luen Yang dénonce d’abord les préjugés que peuvent avoir les uns envers les autres. Mais il traite aussi de la difficulté que l’on peut finalement avoir à s’accepter soi même, tel que l’on est ou tel que l’on vit.

Si l’on découvre très brièvement certains aspects de la culture chinoise, la bande dessinée ne nous parle pas de l’immigration chinoise mais bien des problèmes d’intégration, d’acceptation des gens différents. Cela aurait aussi bien pu être écrit par un Mexicain ou un Afro-américain.

La lecture est agréable, variée et met en scène des personnages intéressants. Le message est limpide mais diffusé de façon originale et subtile. L’auteur n’arrive pas avec ses gros sabots pour nous faire passer une morale grossière.

Toutefois, si le livre est de grande qualité, il ne m’a pas non plus fait l’effet d’être la meilleure bande dessinée de l’année. Le succès remporté outre Atlantique s’explique sans doute par le message qu’a voulu faire passer Gene Luen Yang et qui a visiblement séduit un large public. L’attrait et les prix décernés tiennent certainement compte de l’aspect pédagogique ou moral porté par l’ouvrage. Sachant que tout cela reste assez américain, il n’est pas sûr que l’accueil réservé en France soit aussi fort. Ne négligez pas, en tout cas, cette lecture originale et pleine d’humanité qu’a écrit pour nous un Chinois d’Amérique.

Par Legoffe, le 1 septembre 2007

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