Histoires de l'ouest
Volume 2

À peine quelques mois après la sortie du premier volume, Glénat propose la suite et fin de cette intégrale des récits de western de Serpieri, nous permettant ainsi d’apprécier à nouveau l’incroyable beauté graphique des planches. Après tout, est-il encore nécessaire de démontrer combien l’artiste est un des grands maîtres européens du western ? Bien que beaucoup connaissent surtout son travail sur Druuna et le charme érotique de ses héroïnes, il n’en demeure pas moins qu’une très grande partie de sa carrière s’est construite sur ces récits courts qu’il produit dès le début pour des publications italiennes, en grande majorité en noir et blanc.

Il est ainsi agréable de se laisser porter par ces histoires qui défendent la légitimité des peuples indiens au détriment de la violence des « hommes blancs » qui les ont dépossédés de leurs terres, sans oublier les massacres et autres exactions colonialistes. Si Serpieri reste admiratif d’une certaine imagerie classique, il n’oublie jamais la réalité historique que cacha pendant longtemps ce soi-disant "rêve américain" tel que le propagea le cinéma hollywoodien. On ressent alors ce respect dans le soin porté aux détails, aux tenues, aux physionomies, à tout ce qui peut inspirer l’humilité vis-à-vis de ce peuple opprimé.
Toutefois, le portrait qu’il dresse est plus subtil aussi et moins bassement manichéen, même si l’on voit très bien quelle cause il défend. Les récits que l’on peut lire dans ce volumineux album alternent les grands évènements et d’autres plus anecdotiques qui nous rapprochent des hommes qui parcouraient ces plaines, de ces innocents qui tentèrent de survivre au milieu de cette vie rude et sauvage.

Le texte introductif revient sur chaque récit, en souligne l’aspect documenté et salue l’incroyable travail de restitution de Serpieri, insistant sur la nécessité de dépasser les archétypes pour coller au plus de la réalité. En fin d’album, une longue interview du maître lui permet de défendre son amour du genre et sa volonté d’être le plus exact possible, tant dans ce qui distingue chaque tribu que dans la tenue des soldats. Il revient aussi sur son album de Tex qu’il produisit pour Bonnelli, l’occasion de livrer quelques secrets de fabrication autour de cette icône de la bande dessinée italienne.

Un volume qui se savoure page après page, une déclaration d’amour d’un grand artiste à un genre qui l’a habité depuis son enfance.

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 24 mars 2025