Hommage à l’oeuvre et aux personnages d’E.C.Segar

A l’instar de leur opération éditoriale concernant le fameux trio des Pieds Nickelés (cf. Les nouveaux Pieds Nickelés), la maison Onapratut repart sur une nouvelle initiative honorifique d’un personnage, lui aussi tombé dans le domaine public depuis peu, à savoir le célèbre Popeye.

Se traduisant sous la forme d’un ouvrage à l’italienne volumineux (plus de 170 pages), cette volonté éditoriale est des plus appréciables car elle a pour avantage de retrouver certes ce personnage charismatique qui a traversé les âges, mais aussi de le voir "cautionné" par une ribambelle d’artistes du 9ème art (dont certains ont déjà participé à la première opération).

A cet égard, pas moins de neuf petites aventures suivies d’un théâtre de poche (Thimble Theater combo de 19 instantanés) sont traités en ce volume qui, une fois de plus, met en exergue la qualité d’inventivité des auteurs qui se sont prêtés à cet exercice commémoratif. Tout en restant plus ou moins fidèles à l’univers concocté par E.C. Segar et ses successeurs (tels Tom Sims, Bela Zaboly, Ralph Stein, Bud Sangerdorf…) et aux personnages qui ont entouré le héros dans les nombreux strips et adaptations en dessin animé réalisés depuis 1929, les historiettes se suivent mais ne se ressemblent pas. En effet, chacun y va de sa créativité débordante, de ses clins d’oeil et de son style personnel pour faire vivre de nouvelles aventures énergiques qui ont toutes un effet commun, l’humour. Ce dernier, toutefois, se veut tout en nuance et vient se décliner dans sa légèreté, dans son originalité et dans son acidité (l’histoire d’Abraham Kadabra et de Goupil Acnéïque n’est pas piquée des vers).

Au niveau de la partie graphique, là aussi, cet ouvrage révèle bien des styles différents et d’origine internationale. Et c’est tant mieux, car cette pléthore d’univers, aussi subtils soient-ils, ne gène en rien l’hommage qui est fait à celui de Segar et de ses confrères. Si certains se rapprochent du Popeye d’antan, dans sa formule picturale classique, d’autres s’en écartent allégrement pour atteindre une vision plus moderne, plus rafraîchissante et décalée. Toutefois, cette pluralité reste cantonnée dans une évocation qui se veut plaisante, imprégnée d’une dérision comme on peut l’apprécier, à la fois ubuesque et délirante.

Une initiative éditoriale et artistique excellente, cautionnée par Zep sur le premier de couverture, qui vaut pour son pesant de témoignages et qui démontre le potentiel remarquable de jeunes auteurs. Popeye est de nouveau parmi nous, ç’est le moment de décapsuler quelques boites d’épinards !

Par Phibes, le 25 avril 2012