Hommage à l’oeuvre et aux personnages de Louis Forton
Personnages du début du 20ème issus de la Jeunesse Joyeuse de la Société Parisienne d’Edition, les Pieds Nickelés est le trio de bande dessinée bien franchouillard qui a marqué, de par ses frasques frénétiques peu recommandables, plusieurs générations de lecteurs. Créé à l’origine par Louis Forton (en 1908), Croquignol, Filochard et Ribouldingue, chacun avec sa particularité physique, ont égrainé un nombre impressionnant d’aventures basées essentiellement sur la quête du profit des biens d’autrui (environ 150 albums réalisés au fil du temps par moins d’une quinzaine d’auteurs, scénaristes et dessinateurs confondus, dont on retiendra plus précisément Pellos et Roland de Montaubert). Aujourd’hui, l’association Onapratut a pris pour parti de "ressusciter" généreusement les trois trublions en les faisant transiter par les mains non pas d’un seul auteur mais de 24 artistes en pleine possession de leur talent. Aussi, Les nouveaux Pieds Nickelés fleurent bon une revisite volumineuse et moderne du célèbre trio que les fans de la première heure, ou les curieux de la dernière seconde auront à cœur de découvrir.
Par phibes, le 7 mai 2010
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Après Wallstrip – Rapport d’activité 2010 paru en février de cette année, les éditions Onapratut récidivent dans le collectif en produisant un ouvrage bien dodu qui remet au goût du jour la sympathique triplette que constituent les Pieds Nickelés. Véritables célébrités du siècle dernier, les trois larrons n’auront eu de cesse d’amuser toutes les générations, de leurs péripéties loufoques et de leur truandage à plumer les gogos. Fort de cette notoriété qui s’est quelque peu effilochée avec le temps et la disparition des piliers de cette saga, ragaillardie récemment par le tandem Trap et Oiry chez Delcourt, il était rien de plus normal pour cet éditeur que de vouloir refaire arpenter ces grands détrousseurs devant l’Eternel dans les rues de Paname et de Navarre. Pour ce faire, l’association n’hésite pas à rameuter pas moins de 24 auteurs (toutes spécialités confondues) de la nouvelle génération afin de réaliser 15 historiettes mettant en scène les fameux Croquignol, Filochard et Ribouldingue.
Le résultat est on ne peut plus probant grâce à ce coup de jeune que cette tonitruante initiative insuffle à nos trois papis de la roublardise. Tout d’abord, les intervenants ont choisi des thèmes qui sont en totale adéquation avec le monde moderne et n’hésitent pas, de fait, à traiter de sujets tels qu’entre autres, le commerce équitable, l’art contemporain, la presse people, les sans-papiers, les conflits sociaux, Internet, la crise financière… Traités dans une dérision exacerbée qui promet des situations bien tordues, les petits récits deviennent des moments d’une intensité forte dispensant une vision parodique bien attrayante. Si la ligne de conduite de la saga d’origine a bien été actée (les Pieds Nickelés sont toujours ou presque, au départ de leur péripéties, dans la déche et cherchent à se renflouer moyennant quelques initiatives illicites et peu souvent rétribuantes), certaines historiettes prennent des chemins quelque peu innovateurs qui peuvent surprendre (la rencontre des trois protagonistes, les amourettes de Croquignol…) quand on a en mémoire les ambiances des anciennes aventures.
Ensuite, le ton employé a été assurément mis au goût du jour. S’ils peuvent conserver leur côté argotique et bien sûr humoristique, les dialogues sont souvent percutants, parfois crûs. Ceci dénote évidemment ici la jeunesse des artistes qui contribuent à la réalisation de cet hommage et une volonté inévitable d’intégrer une touche personnelle à cet ensemble.
Enfin, au niveau graphique, Les nouveaux Pieds Nickelés est une mine de savoir-faire aux orientations très divergentes. Chaque dessinateur y va copieusement de sa touche personnelle et originale, et croque à sa manière les trois protagonistes. Du style réaliste à celui proche du manga, tous s’approprient l’univers nickeléen avec dextérité. D’un chapitre à l’autre, Croquignol, Filochard et Ribouldingue n’en finissent pas de changer d’effigie, tantôt grands, tantôt petits (à l’image de ce que réalisait Forton), démontrant une pluralité qui laisse pantois le lecteur devant tant d’étalage.
Un bonheur ne venant jamais seul, l’éditeur a eu la bonne idée de faire plancher 16 autres illustrateurs de tout horizon pour la réalisation d’une galerie de couvertures inédites qui, à les regarder, valent leur pesant colorisé de cacahuètes.
Les nouveaux Pieds Nickelés est une excellente initiative et un superbe témoignage sur le travail effectué par deux grosses poignées d’auteurs sur plus d’un siècle, qui ne demande qu’à être dégusté goulûment et à être perpétué (puisque la relève semble être là) pour l’immense plaisir d’un très grand nombre.
Par Phibes, le 7 mai 2010
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