Honoré d'Estienne d'Orves

 
Honoré d’Estienne d’Orves, brillant étudiant devenu officier de marine, supportera très mal l’attitude fataliste de nombre de ses camarades lorsque l’armistice de 1940 sera signé entre l’Allemagne et le gouvernement de Vichy. N’ayant pas pu se résoudre à rallier l’armée britannique suite au dramatique bombardement que ces derniers ont commis dans le port de Mers-El-Kébir sur des bâtiments français afin que ceux-ci ne deviennent pas prise de guerre allemande, Honoré d’Estienne d’Orves choisira d’entrer en résistance. Il organisera le réseau Nemrod et établira les premières liaisons radio entre la France occupée et la France libre mais sera finalement fait prisonnier par les nazis suite à une trahison…
 

Par sylvestre, le 24 novembre 2017

Notre avis sur Honoré d’Estienne d’Orves

 
Cette biographie d’Honoré d’Estienne d’Orves commence par son arrestation fin janvier 1941 et se poursuit jusqu’à son exécution le 29 août de la même année. C’est donc grâce à plusieurs flashbacks que nous est raconté tout ce qui s’est passé avant, depuis son enfance, avec une voix off à la première personne attribuée au héros. Ses "auditeurs" sont divers : il y a ses enfants à qui il écrit depuis une cellule où il est retenu prisonnier, il y a ses compagnons d’infortune avec qui il est embarqué dans un camion vers la prison de Fresnes, ou sa femme et ses enfants qui viennent lui rendre visite avant qu’il meure fusillé… L’auditeur privilégié n’étant autre que le lecteur de cette bande dessinée puisqu’il a droit à la totalité de ces informations ! Par bribes, par périodes, est retracé l’itinéraire de cet homme d’honneur doublé d’un militant plein d’initiative et de courage que fut le lieutenant de vaisseaux d’Estienne d’Orves.

Sa vie fut riche en péripéties mais celles-ci ne peuvent par contre, dans ce format, être évoquées que de manière non exhaustive et c’est un problème qu’on retrouve dans la plupart des biographies en BD : pour en apprendre le plus possible au lecteur, on lui fait finalement survoler à toute vitesse les différentes étapes de l’itinéraire du sujet concerné. Le lecteur comprend bien sûr le contexte, le parcours et beaucoup d’autres choses, mais il ne se rend peut-être pas compte autant qu’il le faudrait de certaines choses qui malgré tout peuvent avoir leur importance : le stress dans certaines situations, le temps qu’il a fallu pour que telle ou telle chose se mette en place, etc, etc… Le portrait n’en est pas pour autant mal dressé, ni l’intérêt diminué. C’est juste qu’on sait devoir s’attendre, avec ce genre de biographies en images, à un exposé plutôt généraliste et à dessein résumé.

Ce point faible peut néanmoins devenir le point fort d’un tel ouvrage puisque résumer une vie, c’est malgré tout la présenter toute entière et ne pas risquer d’en faire un exposé trop orienté, trop technique ou trop indigeste. Et c’est assez réussi avec cette bande dessinée Honoré d’Estienne d’Orves dont la partie graphique réaliste et "ligne claire" est bien maîtrisée. Les plus observateurs ou les plus au fait s’accorderont d’ailleurs à dire que les visages sont fidèlement dessinés dans ce livre. Il faut dire que cette BD a été réalisée en collaboration avec différents membres de la famille d’Honoré d’Estienne d’Orves, ce qui garantit non seulement cette fidélité à l’apparence des personnages grâce à des documents sur lesquels les auteurs ont pu s’appuyer ; ce qui garantit également une certaine authenticité de tout ce qui nous est raconté.

Enfin, Honoré d’Estienne d’Orves nous est présenté comme un homme cultivé et ayant reçu une éducation où la religion, la foi, la fidélité, la confiance ou l’honneur, voire le patriotisme, avaient une place très importante. Ce caractère est souvent mis en avant dans le récit. Il irritera peut-être ceux qui y verront un discours trop axé pro-catho ou "vieille France", il explique en tout cas bien des choix du lieutenant de vaisseaux, et ce sont justement ces choix qui en ont fait le héros dont la France a raison de s’enorgueillir !

Avec cette biographie en BD aux éditions du Rocher, Honoré d’Estienne d’Orves ne sera plus pour vous simplement une station de métro parisien ou un nom sur une plaque de rue ! Bonne lecture !
 
 

Par Sylvestre, le 24 novembre 2017

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