Horace cheval de l'ouest
Volume 1

Ne vous y trompez pas, si habituellement le cavalier est le héros principal, ici c’est plutôt l’inverse, Horace le cheval rivalise avec celui qui voudrait être son maître, mais qui ne l’est que pour la forme, allant même régulièrement servir de monture à Horace lui-même… Alors oui, il y a des indiens, des charges de cavalerie, des hors-la-loi, des duels, mais est-ce vraiment tout ça le plus important ?

Par fredgri, le 30 mars 2024

Publicité

Notre avis sur Horace cheval de l'ouest #1 – Volume 1

Quelques années avant de créer le cultissime Supermatou, Jean-Claude Poirier s’est fait la main, pourrait-on dire, sur Horace, déjà dans les pages de Pif Gadget, dès Juin 1970.

L’idée est assez simple, en fait, parodier les westerns qui étaient alors un genre très populaire, en poussant l’absurde aussi loin que possible, voir même inverser les rôles entre le cheval et son cavalier. Poirier ajoute à la mixture des personnages récurants comme par exemple « Pied-de-biche » la squaw follement amoureuse de celui qu’elle surnomme « Gros-nez-pâle », le cavalier, ou encore ces bandits à la face patibulaire, tous plus stupides les uns que les autres.
L’album enchaîne alors les planches de gags, avec de temps à autres quelques récits de plusieurs pages qui alignent les anecdotes autour d’un sujet principal. Toutefois, on sent bien qu’il s’agit là de prétexte pour créer un sentiment d’histoire plus ample, même si l’on voit bien que Poirier est bien plus à l’aise dans de l’humour en quelques cases.

Toutefois, si l’artiste créé un univers qui gagne en cohérence d’ensemble au fil du temps, il n’est pas vraiment question de construire une quelconque chronologie, ni même d’amener un véritable sentiment d’évolution dans le fond. Le héros et Horace sont davantage le miroir d’un genre dont ils tordent les codes avec amusement. Ils travaillent un moment pour le Pony Express, servent de shérif, d’éclaireurs pour l’armée, de simple touriste aventurier. Poirier évite de trop se répéter, renouvelant les situations, et même s’il s’attarde sur une idée, c’est bien plus pour en explorer les mille et une possibilités, la pousser jusqu’au bout.
Malgré tout, progressivement, on sent se mettre en place le style qui va littéralement exploser avec Supermatou. Que ce soit dans l’humour, cette façon de dépeindre un univers qui tend vers le loufoque jubilatoire, les détails qui se glissent deci delà, mais surtout graphiquement. On voit le style se transformer au fil des premières planches, s’assouplir, gagner ce côté « rond » si caractéristique sur tout ce qui va suivre. Horace est mieux caractérisé, les cases se chargent davantage… Et même si l’on n’a pas encore les maisons « caoutchouteuses », les objets vivants qui lorgnent en coin, le trait Poirier est là et c’est un vrai plaisir de le retrouver au travers de cet incroyable premier volume de l’Intégrale Horace (sur deux)

Il faut dire qu’une nouvelle fois, les Éditions Revival soignent cet album. On a droit à une excellente introduction de 4 pages de Maël Rannou qui resitue la série dans le parcours de Poirier. Le texte lui-même est passionnant et très instructif. Sans oublier l’impressionnant travail de restauration de Bilitis Poirier qui a fait un travail monumental sur les scans, la mise en couleur… On manque de superlatifs !

Un premier volume qui permettre de réhabiliter cet univers hors-norme qui a séduit les lecteurs de Pif et qui pourrait en reconquérir enfin d’autres.
On attend avec impatience la suite !

Vivement recommandé.

Par FredGri, le 30 mars 2024

Publicité