Hors-Zone

C’est comme qui dirait la fin. La fin du monde, ou de l’espèce humaine, au moins. Dans ces conditions, on peut être amené à faire des choses impensables, histoire de vivre les derniers instants à fond car on sait pertinemment qu’on a plus rien à perdre. Du coup, on se lance dans l’Aventure, un peu forcé par la malchance et poussé par le hasard. L’Aventure, que ce soit dans un sous-marin, 20 000 lieues sous terre ou dans la jungle, ça finira mal, ok. Le seul but, c’est que ça finisse le moins mal possible. Et voilà que l’instinct de survie vient parfois à évincer la raison.

Par Placido, le 13 janvier 2013

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Notre avis sur Hors-Zone

Singulier micmac entre BD et texte illustré, Hors-Zone est un récit oscillant entre l’Aventure et un intimisme cogitant. Blexbolex s’affranchit des bulles pour mieux s’exprimer. Il faut dire que la voix off est quasi-omniprésente, des dialogues faisant leur apparition très ponctuellement, presque sauvagement.

On ne sait pas tout, tout de suite. Les infos nous parviennent par vagues irrégulières et décomposées ou plutôt multi-composées. Et comme pour mieux brouiller les pistes, elles n’arrivent pas chronologiquement. Il faudra affronter du flash-back. Mais ce seront des beaux flash-backs, toujours au service d’un récit quatre couleurs (des couleurs directes, soit dit en passant).

Ceux qui auront alors le courage d’affronter la forme jouiront du fond. Car parlons-en du récit, distribué méthodologiquement, rythmé par une ponctuation bordélique qui relève de la poésie en prose. Mais il contient un vers à l’intérieur. Verré, vérolé, vicié, le texte est pourri et acide, exprimant la désolation de la condition humaine (ou de ce qu’il en reste) à l’aube de l’Apocalypse.

Au milieu de ce champ miné, il y a un détective rose vif, élevé à la ligne claire avec son corps élancé et son nez en bouchon, qui berne le monde autant qu’il se fait berner par le monde. Le monde, c’est ses ennemis et ses alliés, des créatures directement sorties de l’imaginaire merveilleux, dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu’ils veulent dominer (ce qui, entre nous, est déjà pas mal). Mais à défaut de comprendre ce qu’il lui arrive, l’objectif de notre détective reconverti en aventurier pour l’occasion, c’est de s’enfuir de l’éternel guet-apens qui lui est tendu. Eternel dis-je ? Oui, car quand c’est fini, ça recommence. L’onirisme (ou la métaphysique, je n’en sais trop rien) engouffre alors l’ensemble.

A qui veut bien s’y aventurer, Hors-Zone envoûte totalement. Il vous emmène loin, hors des limites du récit conventionnel, de la BD que l’on connaît, dans un terrain vague où il fait bon de s’y perdre…

Par Placido, le 13 janvier 2013

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