I shall destroy all the civilized planets
Vous ne connaissez pas Fletcher Hanks ? Moi non plus, en fait, tout du moins pas avant de lire cet "album" hommage.
Fletcher Hanks est un artiste américain assez peu connu qui a surtout oeuvré entre 39 et 41. Cet ouvrage se propose donc de republier une quinzaine de ses histoires mettant en scène des personnages aussi étonnants que Stardust, le super héros super balaise de l’espace, Fantomah, la protectrice de la jungle, Big Red McLane ou encore Buzz Crandall.
Le tout agrémenté d’une petite histoire hommage de Paul Karasik, l’éditeur !
Par fredgri, le 1 janvier 2001
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9781560978398
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Notre avis sur I shall destroy all the civilized planets
Vous savez, les histoires de l’époque n’étaient pas franchement censurées, pour la bonne raison que le comic code n’existait pas, ce texte qui régit la conception des comics aux Etats Unis dés les années 50, dès lors il faudra que le héros soit toujours juste, il ne faudra pas de violence, les méchants devront toujours perdre etc.
C’est pourquoi les histoires de Fletcher Hanks sont passionnantes. Tout d’abord, elles présentent des héros surpuissants, possesseurs d’une sorte de super pouvoir qui leur permet même de rétablir les choses comme si elles n’avaient pas bougé, ils ont ensuite une prescience qui leur sert à deviner les mauvais desseins de leurs ennemis avant que cela ne dégénère. Ils arrivent toujours au derniers moment, attrapent le super vilain (en général soit un caïd ou soit un explorateur fou), le punissent et tout redevient normal. Les méchants eux sont vraiment des dangers publics, leurs projets ne consistent pas à voler une banale banque ou alors d’aller kidnapper je ne sais quel héritier, non, ici on parle de conquête de la planète, de destruction de la race humaine etc, rien de moins. Et les moyens sont à la hauteur de ces objectifs, des flottes d’avions chargés de bombes pour détruire les villes, des gaz mortels pour éradiquer les êtres humains, des rayons pour stopper la rotation de la Terre… j’en passe et des meilleurs. C’est époustouflant.
Alors, vous me direz, quelles sont les particularités de ces histoires, mise à part le côté kitsch et ridicule des "intrigues" (qui se déroulent sur une demi douzaine de page, globalement) ? Ben, tout simplement parce que Hanks ne se donne aucune limite, oui c’est vrai, c’est ultra manichéen, aux limites de la caricature débile, mais c’est assez violent en plus, chaque récit nous présente des villes qui explosent, des gens qui meurent, des bombes qui tombent et, chaque fois, le héros ne se contente pas de simplement enrayer le truc, non, il punit le malfrat, soit en le livrant aux bêtes féroces, soit en le balançant dans l’espace pour finir sa vie dans un bloc de glace en regardant la Terre, soit en le poussant à se jeter du haut d’une falaise, ou tout simplement en le faisant mourir de peur !!!
C’est pourquoi je vous expliquais que ces histoires sont antérieures au comics code, et ça se voit.
Ici, la justice n’est pas seulement le moyen de régler à l’amiable un problème mais aussi de débarrasser la planète des sales types qui veulent lui nuire, tu commets un délits tu payes, souvent par ta vie. Ca a un côté assez moral, extrémiste, dans le sens ou le héros gagne, que les gens sont tranquilles à la fin, mais le discours sous-jacent est un peu moins politiquement correct, ne serait ce que par la violence induite par ci par là, on fera les parallèles avec une certaine réalité actuelle plus tard.
Il n’empêche, encore une fois, que c’est passionnant, c’est peut-être assez désuet, ça a mal vieilli certainement, les dessins sont très figés, les personnages n’ont que deux angles à leur actif, voir même qu’un seul dans la plupart des cas, mais je me suis vraiment amusé à lire ces petites histoires, à comparer avec ce qui se fait maintenant, alors que le comic code n’est plus que l’ombre de lui même, certes Hanks ne brillait pas par sa subtilité mais au moins c’était sincère et incroyablement riche en imagination (ces mains enflammées volantes m’ont vraiment épaté !), et c’est cette originalité qui fait de cet obscure artiste l’un des grands auteur du vingtième siècle.
A lire pour les vrais curieux, en attendant une traduction prochaine.
Par FredGri, le 28 juillet 2007