Idéal

Japon, 2160. Île de Kino, seul territoire nippon où les androïdes sont interdits. Partout ailleurs, ces intelligences artificielles sont devenues des piliers de la société. 

Hélène et Edo vivent dans une magnifique villa, en bord de mer. La vie semble rêvée en cet endroit, mais le couple traverse une crise existentielle. Elle est due au temps qui passe, mais également à l’accident d’Hélène. Célèbre pianiste, elle poursuit sa rééducation et subit les pressions du philharmonique, dont le directeur se demande si elle va pouvoir reprendre sa place dans l’orchestre. 

La musicienne a une idée pour tenter de briser le cours du destin.

Au même moment, dans les médias, il est beaucoup d’un loi isolationniste qui interdirait tout lien entre le Japon et l’étranger…

Par legoffe, le 1 septembre 2024

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Idéal

Sarbacane invite deux nouveaux auteurs pour la réalisation d’un roman graphique de très haute qualité qui, malgré ce que laisse penser le résumé, est assez peu tourné vers la SF. Il s’intéresse plutôt à des thèmes parfaitement d’actualité, comme la place de l’IA dans nos vie ou la question de l’immigration et du renfermement sur soi. C’est aussi, et surtout, un livre sur l’amour confronté à l’usure du temps.

L’histoire met donc en scène un couple d’âge mur, dont la passion s’est estompée avec le temps. Il vit dans un cadre magnifique, mais dont le calme laisse penser à une vie quasiment inerte, d’autant que les 31 premières pages ne comportent aucun dialogue. 

Ce sentiment est renforcé par les dessins de Thomas Hayman. Architecte de métier, il aime les formes régulières, les lignes nettes et claires. Chaque page ressemble à un tableau, dans un style à la fois très traditionnel et pourtant empreint de modernité. Le dessinateur s’est fait plaisir, on le sent, à réaliser d’incroyables bâtiments au sein de paysages contrastés.

C’est aussi beau que déroutant.

Ce décor puissant, mais statique, semble agir jusque sur les personnages, dont les visages sont presque figés tout en restant expressifs. 

En suivant ces personnages dans leur quête de désir(s) perdu(s), nous entrons vraiment dans leur intimité, spectateurs discrets d’un drame quasi silencieux et qui résonne pourtant d’une envie de bousculer l’existence. 

Ce livre, qui bénéficie d’un façonnage haut de gamme, avec son papier mat et son dos carré collé toilé, est un bel objet, qui appelle à la contemplation. C’est pourtant bien aussi une source d’émotion. Jusqu’au bout, cet album aura ainsi cumulé les paradoxes, envoutant les uns et, peut-être, désarçonnant les autres.

Par Legoffe, le 1 septembre 2024

Publicité