IDOLE DANS LA BOMBE (L')
Deuxième partie

La guerre a éclaté entre la Monoposie et la Naphtalie. Dans ce climat belliqueux, le professeur Anatole Barzavotzig, totalement défiguré, a été recueilli par son ancienne assistante qui espère le voir réintégrer l’Académie des Sciences. Mais considérant son état physique et mental, la chose n’est pas si aisée.

Tho-Radia, l’idole chantante, qui a franchi le rideau de fer qui sépare les deux nations en guerre, s’adapte comme elle peut à sa nouvelle condition. Devenue l’égérie du Président Canadry, elle se plie à ses sollicitations qui ne manquent pas de fragiliser le système naphtalien.

Le Commissaire Modra de la police de sûreté de Petrovsk qui a favorisé la fuite de la chanteuse, est quant à lui, libéré de sa prison et se lance sur la piste du physicien Barzavotzig dont le but ultime est d’anéantir la société scientifique.

Par phibes, le 1 janvier 2001

Notre avis sur IDOLE DANS LA BOMBE (L’) # – Deuxième partie

 
Le monde créé par Stéphane Presle est dans une telle cacophonie qu’on a l’impression qu’il est parti pour ne plus se relever. En effet, deux Etats (Est/Ouest), territorialement forts, s’affrontent au détriment des pauvres militaires engagés. Peu soucieux de la situation de ces derniers, les dirigeants (côté confédération) manœuvrent la soldatesque dans un but bien précis, celui de faire des bénéfices substantiels sur leurs dos martyrisés. Ce contexte malheureux et désordonné n’ébranle en aucune manière le Président Canadry qui se voit plus intéressé par les atours de la nouvelle dissidente, Tho-Radia, que par la survie des défenseurs du pays.

Par ailleurs, la folie destructrice du professeur Barzavotzig monte d’un cran (il a été défigurée à la suite d’une altercation avec celui qui a pris sa place pour la Naphatalie) qui n’est plus reconnu par ses pairs et dont les railleries l’exaspèrent au plus haut point. Il affiche ses terribles intentions cautionnées par son assistante. De plus, Spongia a disparu des planches mais devrait certainement réapparaître dans le prochain volume.

Stéphane Presle réussit donc son pari en nous attirant encore plus loin dans la folie de son univers chaotique. La dimension qu’il décrit frise l’aberration. Ses ambiances décalées ponctuées par des dialogues souvent cyniques nous interpellent agréablement et nous immerge dans une réalité qui décoiffe et qui pèse aussi. On s’accroche aux déambulations excessives de ce scientifique mort-vivant qui, à lui seul, a le pouvoir de bouleverser de manière radicale l’équilibre. De même, Tho-Radia semble se confiner dans un rôle qu’elle maîtrise depuis la Monoposie : celui de plaire par obligation aux chefs d’Etat.

Le dessin de Jérôme Jouvray fait sensation. Le créateur de "Lincoln" affermit son trait dans une sorte de crayonné, colorisé magnifiquement, élaboré dans une finesse très expressive. La naïveté de ses graphiques correspond complètement aux ambiances développées à la limite du délire. Le naturel des situations est parfaitement restitué et donne une certaine jeunesse à son travail. De même, la gestuelle de ses personnages est parfaite et apporte une animation non négligeable à l’histoire.

Pénétrez donc l’univers décadent de Stéphane Presle et Jérôme et Anne-Claire Jouvray qui est la représentation d’une société malade qui se délite à l’image de ses gouvernants dont la vision ne pourra que vous interpeller. Un excellent cru !

Par Phibes, le 2 juillet 2008

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