Il ne devra plus y avoir d'orphelins sur cette terre

L’histoire se déroule en 1943, après la défaite de Mussolini. Calusia fait partie de l’armée défaite, il décide rentrer chez lui, à Bergame, mais auparavant il doit convoyer une étrange caisse à Naples, au Palais Pignatelli, suivant ainsi une promesse faite à son lieutenant. Alors qu’il voyage, seulement accompagné d’un âne, il rencontre tout d’abord la jeune fugueuse Concetta qui le suit avant qu’ils ne finissent par se perdre de vue au milieu d’une évacuation de civils dans un petit village. Un peu plus tard, Calusia croise la route de Mariaguilia, une belle taciturne qui le fascine tout de suite et qui va le suivre jusqu’au bout de son périple…

Par fredgri, le 3 mars 2024

Notre avis sur Il ne devra plus y avoir d’orphelins sur cette terre

Ne vous laissez pas surprendre par cet étrange titre qui reprend la dernière phrase de l’album, mais qui ne révèle pourtant rien de l’histoire.
Aurélien Ducoudray et Thomas Azuélos se sont intéressés au court roman « Le compagnon de voyage » de Curzio Malaparte, partagé en 14 chapitres, qui nous raconte le voyage du jeune soldat Caluzia, à travers l’Italie post-Mussolini. On se croirait en plein cinéma Néoréaliste, au cœur de la population, le drame de la vie dans un pays déchu. Et tout est là pour appuyer cette impression, l’enthousiasme exacerbé de la petite Concetta, la silhouette tragique et muette de la fascinante Mariagiulia, les processions qui poursuivent un collecteur de blé, ces ambiances enflammée quand un soldat américain se retrouve, ivre et bloqué au sommet d’un clocher…

On est tout de suite séduit par l’écriture d’Aurélien Ducoudray qui reste sobre et juste, laissant la place nécessaire au dessin de Thomas Azuélos pour qu’il puisse s’épanouir, envelopper chaque planche de ses très belles teintes bleues, ou se glissent quelques pointes plus colorées deçi delà… Du très beau travail.

Mais ce qui est aussi intéressant, c’est en quelque sorte ce refus de la grande aventure, ce besoin d’être au plus près des gens, ce plaisir de se laisser porter par le récit qui nous surprend, amène des pistes, puis les laisse tomber pour nous entraîner vers d’autres chemins. Ducoudray n’intériorise pas les textes, il ne s’agit pas d’entrer dans la tête de ce soldat résolu à aller jusqu’au bout de sa promesse, ni même de tenter de proposer un regard critique sur la guerre, la victoire des américains, le désespoir des italiens… Juste suivre cet homme et découvrir l’histoire qui se dévoile au fur et à mesure dans ce très bel album, extrêmement prenant.

Une magnifique surprise que je ne saurais assez vous conseiller.

Par FredGri, le 3 mars 2024

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