Il y a longtemps que je t'aime

Miraculeusement rescapée du naufrage du bateau sur lequel elle voyageait avec son mari, Annie se retrouve sur une ile semble-t il déserte, jusqu’au moment ou elle découvre qu’il y a aussi un jeune homme. Ils apprennent progressivement à se connaître, voir même à partager des moments de plus en plus intimes… C’est aussi pour Annie l’occasion de repenser à son mari, l’amour profond qu’elle a pour lui, le lien qui les unit, mais aussi ce petit éloignement qui s’est petit à petit glissé entre eux…

Par fredgri, le 25 mars 2024

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Notre avis sur Il y a longtemps que je t’aime

Une ile déserte, une naufragée, un jeune inconnu plein de vie, l’attente des secours qui n’arrivent pas, on peut dire que le sujet a inspiré de nombreuses œuvres qui ont décliné les différentes thématiques que peut amener la situation. Pourtant, cette fois, Marie Spénale s’attarde sur les pensées de l’héroïne qui profite de cette parenthèse pour réfléchir à son couple, à ses sentiments, à son mari…

L’album suit alors deux fils conducteurs.
Le premier concerne les errances d’Annie sur l’ile, qui la parcourt en long et en large avant de tomber sur cet inconnu qui l’intrigue. Le premier contact est timide, il y a quand même une certaine différence d’âge, elle garde une certaine pudeur qui l’empêche de complètement se livrer comme ça, à baisser, même légèrement, ses barrières, qui est-il, que lui veut-il ? Petit à petit, ils apprennent à s’accepter, Annie découvre alors l’affection, la tendresse, la beauté des choses simples, sans précipitation, le plaisir charnel débarrassé de toute contingence amoureuse. On laisse aller le temps, on profite de l’instant. Elle se redéfinit lentement, sans s’inquiéter, même si, quand même, il reste toujours quelque part le spectre du mari qui l’attend certainement, qui s’inquiète…
Le second nous plonge dans les pensées de l’héroïne qui fait donc le point au fil des pages sur sa vie d’avant, sur sa relation maritale et tout ce qui s’est étiolé petit à petit avec les années. Les sentiments sont là, il y a toujours cet amour profond et sincère, mais quelque part, tout s’est transformé pour devenir une abstraction, un sentiment pur, sans attirance nécessairement…

Au fur et à mesure de la lecture, nous glissons donc dans la subtilité de l’écriture introspective de Marie Spénale, dans le flux et reflux de ce dialogue intérieur entre Annie et elle-même ou se dessine le profil d’une autrice pleine de sensibilité et très touchante.
Elle accompagne ces échanges de planches assez belles, ou elle joue avec un style épuré mis en couleur de façon assez surprenante avec une gamme très saturée, presque fluo, qui créé un vrai décalage. En contre partie, je trouve aussi que cela vient parfois interférer avec la finesse du propos, avec la profondeur des pensées d’Annie, ce qui m’a un peu gêné à certains moments.

Il n’en reste pas moins que Il y a longtemps que je t’aime reste une surprenante expérience de lecture.
Avis aux amateurs.

Par FredGri, le 25 mars 2024

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