ILIADE (L')
La pomme de discorde

"L’Iliade" (et donc son œuvre sœur: "L’Odyssée") aurait été écrit près de 800 ans avant JC et serait donc l’un des plus anciens écrits. On ne sait que peu de choses sur son hypothétique auteur Homère, voir même on se demande s’il a réellement existé ou si ces textes ne seraient pas le fruit d’un collectif qui aurait rassemblé les légendes que se racontaient les aèdes qui voyageaient d’une ville à l’autre (on est alors en pleine tradition orale, l’écrit étant principalement concentré sur le commerce ou l’intendance). Toujours est-il que ce texte fondateur, qui a influencé ou simplement inspiré de nombreux poèmes ou artistes au fil des siècles, ne raconte en fait que 6 jours de cette fameuse guerre. Cela commence avec la dispute entre Achille et Agamemnon au sujet de Chriseis que détient le roi des rois et la peste qui fait rage dans le camp grec. Puis ça se termine avec les funérailles d’Hector que vient de tuer Achille ! ("Iliade" faisant référence à Ilion, le nom grec de Troie !)
Le texte original est complexe, violent et parfois même assez brut à lire, il était donc évident que l’adapter allait mener à des coupes ou des reformulations plus modernes. De plus, les auteurs évoquent les origines du conflit au travers de flash-back qui nous montrent le banquet de Thétis et Pélée, puis les trois déesses qui demandent à Paris de choisir la plus belle d’entre elles.
Bien sur, tout ça est là pour vulgariser davantage le texte original, mais je trouve ces choix plutôt pertinents, d’autant qu’ils rendent le tout beaucoup plus limpide. On a juste parfois tendance à s’y perdre un peu entre tout ces dieux qui s’opposent souvent pour des raisons assez obscures et futiles.

Mais ce premier volume met parfaitement en place les principaux éléments du récit sans tomber dans les références trop hermétiques. Après tout, il s’agit d’un des plus grands évènements de la mythologie grecque, avec des tonnes de grands noms dans tout les sens, ça aurait pu rapidement devenir rébarbatif. Et le résultat est loin de l’être, justement !

On sent néanmoins bien qu’il y a beaucoup de monde, les auteurs ont fait très attention à ce que l’on puisse tous bien les distinguer les uns des autres. Mais c’est vrai aussi que la complexité de l’intrigue ne permet pas non plus de trop pousser les caractérisations. Beaucoup de choses à raconter, donc peu de temps pour les détails !
Malgré tout, je trouve aussi que la narration est très bien aérée, avec ce qu’il faut de dialogues, d’action, on comprend tout à fait les enjeux et les diverses manigances ! C’est parfait !

Graphiquement, c’est du travail plus qu’honnête. Les décors, les détails vestimentaires, les différents portraits proposés dans ces planches sont extrêmement précis et subtiles. Pierre Taranzano nous propose un excellent album, remarquablement mis en couleur par Bruno Stambecco.

Ce qui aurait pu être un exercice un peu casse gueule se conclue par un très beau premier volume, que je vous conseille vivement !
Il annonce une belle collection "La sagesse des mythe" gérée par Luc Ferry et consacrée à la mythologie grecque qu’il va falloir surveiller de très près !

Par FredGri, le 30 août 2016