IMMERGÉS
Oskar Kusch
L’équipage a trouvé sa tête de turc, Lehmann. Jugé inférieur il est désigné bouc-émissaire d’une sordide affaire. Mais que renferme vraiment cet acharnement ? Oskar Kusch que tout le monde surnomme grenouille se le demande… Mais attention, se poser trop de questions à bord d’un sous-marin peut très rapidement être le bon moyen de devenir soi-même un problème et dès lors…
Par melville, le 12 septembre 2010
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782723472609
Notre avis sur IMMERGÉS #2 – Oskar Kusch
Das Boot (dans sa version longue de près de cinq heures) du réalisateur allemand Wolfgang Petersen compte parmi mes films favoris. Je me souviens avoir été fasciné par cette atmosphère oppressante et moite… Alors quand j’ai appris il y un an de cela la sortie du premier tome d’une nouvelle série ayant pour décors un sous-marin allemand de la Seconde Guerre Mondiale
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et en plus scénarisée et dessinée par Nicolas Junker
– ce fut un grand moment. Certainement aussi fort que le sentiment qui m’animât après la lecture de ce deuxième volet et qui me transporte toujours au moment où j’écris cette chronique.
Le premier tome était centré sur Günther Pulst. Avec lui on découvrait les membres d’équipage, tous de fortes têtes aux caractères bien trempés, on se confrontait à la rudesse du quotidien des sous-mariniers qui évoluent dans une atmosphère viciée aux relents de crasse, de pisse et de vomi… On abordait également l’intrigue de fond, ce mystère qui semble lier tout un équipage soumis à la loi de l’omerta.
Dans ce deuxième tome, on délaisse Günther Pulst pour ce concentrer sur un autre membre de l’équipage, Oskar Kusch dit grenouille, qui devient donc l’espace d’un volume le nouveau héros de l’histoire. Au tout début de l’album, abandonner le charismatique Günther Pulst peut dérouter un peu mais c’est sans compter sur tout le talent de Nicolas Juncker qui très vite réussit à nous attendrir avec ce jeune homme aux convictions plutôt ambigües. Au travers de ses actions et de son questionnement, l’intrigue principale progresse et la cohérence de la série est maintenue.
Nicolas Junker est un grand auteur de bande dessinée et aussi un formidable metteur en scène. Ses cadrages et plans de vue renferment une puissance scénaristique et dramatique fortes ; et épaulés par un découpage séré et abondant (beaucoup de petites cases) et la mise en couleurs de Greg Salsedo, l’ensemble traduit avec une certaine « fougue » le confinement et la promiscuité qui règne dans un sous-marin.
Ce tome est construit sur l’opposition entre la vie actuelle d’Oskar Kusch et sa jeunesse bourgeoise dont il se remémore des passages. A bord du U-Boot, l’équipage pratique un langage « viril » et les conditions de vie sont déplorables, tout l’inverse de sa jeunesse où la parole religieuse et une éducation stricte régissaient son quotidien. Cette opposition est renforcée graphiquement, d’un côté les cases son cerclées d’un bord noir et gras, la photographie est sombre, de l’autre pas de cadre défini et un éclairage presque saturé. D’un bord de la couleur, de l’autre des plages de gris… Nicolas Juncker utilise se contraste permanant avec l’habileté et la malice qu’on lui connaît pour donner une nouvelle dimension à son récit : celle de l’Histoire. Immergés devient donc une série qui s’enrichie d’un niveau de lecture, on a d’une part l’intrigue de fond, l’univers du sous-marin, etc… et de l’autre une portée historique. L’auteur porte un regard sur la Seconde Guerre Mondiale, sur le nazisme et ses acteurs conscient de l’être ou pas, sur ceux qui en subissent les conséquences…
Pour finir, juste un rapide mot sur le dessin. Le trait de Nicolas Juncker est toujours aussi percutant. Nerveux, il saisit les expressions des personnages et les porte en exergue. Les décors sont travaillés.
Grandiose et théâtrale mais aussi juste et pénétrant, Immergés de Nicolas Juncker est une vraie série coup de cœur vivement recommandée. Encore une belle réussite de la collection Treize Etrange. Un must à posséder d’urgence !
Par melville, le 12 septembre 2010
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