In God we trust

Voilà, le nouvel album de Winshluss vient d’arriver, un auteur qui s’est fait rare depuis la sortie de son génialissime Pinocchio en 2008. Préférant se consacrer à la réalisation (aux côtés de Marianne Satrapi, il participe à "Persépolis" en 2007 et à "Poulet aux prunes" en 2011, ainsi que quelques courts et moyens métrages), il faut attendre ce mois de novembre pour voir arriver ce délirant "In God we trust" à l’humour évidemment corrosif !

Délaissant pour l’occasion les personnages propres à la Pop-culture, les contes, les dessins animés etc. Winshluss décide de revisiter le mythe de Dieu, de Jésus, de Marie et l’image qu’a la religion dans notre société moderne. Il détourne ainsi toutes les idées reçues, les sermons que les croyants déversent depuis des siècles, à grand renfort de leçons de morale. Bien sur, tout baigne dans l’irrévérence la plus exagérée, mais la démonstration a le mérite d’être non seulement très parlante, mais en plus elle est particulièrement efficace.
On retrouve donc le style protéiforme de l’artiste qui part dans tout les sens, tout en restant néanmoins très cohérent dans sa démarche. C’est bourré d’humour franc du collier, souvent à base de pet, de vomi, de binouze… Toutefois, Winshluss a aussi compris que pour répondre aux excès de ce prosélitisme souvent délirant lui aussi il fallait répondre par d’autres excès, quitte à ne plus prendre de gants !
Et tout y passe, qu’il s’agisse de l’hypocrisie de cette morale sectaire, des textes qui se réinterprètent selon les besoins, des incohérences, des dérapages de certains religieux etc. Mais une nouvelle fois on retrouve un Winshluss très inspiré, qui s’amuse avant tout, avec un côté trashy presque jouissif, tout est passé à la moulinette, sans concession et franchement on éclate de rire presque à chaque page… D’autant qu’encore une fois le constat est sans appel, tranchant !

Alors si vous avez quelques aspirations religieuses, qu’à vos yeux c’est un sujet avec lequel il ne faut pas plaisanter, c’est du sérieux, ce sont vos convictions et il faut les respecter, alors soyez prévenus, il se peut que vous regrettiez vos 25 € !
Pour les autres, ceux qui ont pu aimer Pinocchio ou Monsieur Feraille, alors cela risque d’être différent et nettement plus agréable !

Mais contrairement à son précédent album qui était plus structuré sur l’ensemble, ici nous avons plus droit à une succession de gags, de détournements (les pubs sont incroyablement borderline, mais quand même, quel style !) qui même s’ils restent centrés sur le thème de la religion, manquent quelque peu de dynamique d’ensemble. Mais cela reste un détail, car dès les premières planches on plonge sans se poser de question.

Quel plaisir de retrouver Winshluss en pleine forme comme ça ! Maintenant, la question qui reste c’est "Va-t on encore attendre longtemps ?"

Je ne sais pas si on va pouvoir recroire en Dieu ensuite, mais au moins on peut affirmer sans problème "In Winshluss we trust" (même si ça fait postillonner en le disant!)

Par FredGri, le 15 novembre 2013